Jersey vit dans le Midwest avec sa mère, le copain de cette dernière et sa sœur Marine, enfant enjouée et souvent un peu casse-pieds. Habituée aux alertes de tornade, Jersey n’a donc aucune réaction quand l’une d’elles est déclarée à la télévision. Seule à la maison, savourant le calme puisque sa mère a accompagné sa sœur au cours de danse, Jersey prépare le souper et n’a pas l’intention de se rendre à la cave. Mais la nature a cette fois d’autres plans et, en quelques minutes, son univers bascule complètement. Confinée au sous-sol d’où elle entend des bruits qui lui font croire que la fin du monde est proche, l’adolescente appelle sans relâche sa mère, mais personne ne répond. Quand elle peut enfin sortir, il n’y a que des décombres autour d’elle. Et l’adolescente se rend bien vite compte que c’est sa vie au complet qui a été emportée par la tornade, sa mère et sa sœur n’ayant pas pu rejoindre un abri à temps. Abandonnée par son beau-père qui est noyé dans sa propre tristesse, délaissée par ses amis qui ont leurs propres ennuis à gérer, Jersey doit quitter sa ville pour aller habiter chez ce père qu’elle ne connait pas et dont sa mère lui a dit tant de mal. En perte de repères, Jersey devra se faire ses propres racines…
Jennifer Brown propose un roman très introspectif avec ce Tornade qui parle de la reconstruction d’une adolescente. Abordant les thèmes des secrets, de la famille, des choix de vie et du deuil, l’auteure s’adresse aux lecteurs intermédiaires et avancés.
«J'ai beaucoup réfléchi au mot «tout». Chaque fois qu'il arrive une catastrophe, les gens disent qu'ils ont «tout» perdu: leur voiture, leur maison, leurs affaires. En fait ils n'ont aucune idée de ce que veut dire «tout» perdre.»
Il y a de ces auteurs dont le nom nous marque. C’est le cas de Jennifer Brown qui a publié il y a quelques années le roman Hate List, pour lequel j’ai eu un avis mitigé, mais que j’avais vraiment aimé lire. J’avais donc des attentes pour ce roman et, si l’auteure nous entraine complètement ailleurs, je n’ai pas été déçue même si l’ensemble est un peu inégal.
Il faut dire que Jersey est un personnage principal intéressant, qui, excepté un court moment après la tornade où elle se la joue un peu princesse de conte de fées en attente d’un prince pour prendre les choses en main, est très forte malgré le drame qui a chamboulé toute sa vie et les réactions des adultes qui l’entourent, toutes plus déstabilisantes les unes que les autres. Après son beau-père trop lâche pour faire face, l’adolescente se voit aussi abandonnée par les mères de ses amies, repoussée par son propre père, trahie par cette nouvelle famille qui n’en est pas une. Adolescente somme toute normale, à laquelle le lecteur peut s’identifier, Jersey est résiliente et cette qualité la rend très attachante. Heureusement d’ailleurs, parce que le roman tourne entièrement autour d’elle et de la nécessité de reconstruire son univers qui a volé en pièces.
La plupart du temps, Jennifer Brown guide le lecteur habilement, capable de décrire de façon très réaliste l’arrivée de la tornade tout comme le maelstrom de sentiments de Jersey. On vit bien sa perte, sa confusion, sa colère face à son impuissance. Il y a toutefois certaines parties plus faibles, comme s’il fallait « remplir » le récit, et les amies de Jersey sont particulièrement énervantes, complètement égocentriques. C’est peut-être réaliste, après tout, tout le monde ne sait pas comment réagir face à quelqu’un qui vit une telle perte, mais c’est tout de même vraiment désagréable à lire et c’est moins crédible que le reste. L’ensemble est tout de même assez fort, notamment grâce au fil conducteur des souvenirs de Marine que Jersey dessine afin de se souvenir encore longtemps de sa petite sœur.
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Oh ! Votre critique m'allèche, surtout que j'avais adoré Hate List ! Ca me donne une idée de plus lecture :) *va rajouter un titre sur sa très longue liste*