À huit ans, Mamadi n’était peut-être pas riche, mais il avait une vie heureuse, entre l’école où il apprenait sous le regard bienveillant de son professeur, le foot qu’il pratiquait encouragé par sa mère et la vie familiale. Mais quand des hommes armés débarquent dans son village, tout bascule. Mamadi fuit, mais il perd sa mère en route, tout comme ses repères. Se retrouvant dans un camp de réfugiés avec son père, Mamadi tente de garder espoir. Un jour il retrouvera sa mère, un jour il aura une vie décente…
Roman réaliste qui montre le drame que vivent certains dans un pays où les milices enlèvent les enfants pour en faire des soldats et où les manques sont nombreux, Qu’est-ce qui fait courir Mamadi? est aussi une œuvre poétique où les images prennent une place importante. Rythmé, assez bref et écrit dans un vocabulaire accessible, le roman convient à tous les lecteurs.
Qu’est-ce qui fait courir Mamadi? semble s’adresser à un public un peu plus jeune, c’est d’ailleurs dans la catégorie 6-11 ans qu’il a été finaliste au Prix des libraires jeunesse, mais c’est aussi un roman qui peut intéresser un public plus vieux, grâce à l’histoire de Mamadi et aux images, magnifiques, que met en scène Étienne Poirier. Oui, la voix est un peu enfantine, mais cette façon de se mettre à hauteur d’enfant pour raconter les pillages, les enlèvements de jeunes pour en faire des soldats, la violence au quotidien, la faim et le désespoir font en sorte qu’il y a deux niveaux de lecture intéressants à décortiquer. Le lecteur avancé voudra peut-être plus de détails, mais Qu’est-ce qui fait courir Mamadi? est un bon prélude à d’autres textes plus durs.
D’ailleurs, il y a une volonté de lumière dans ce roman-ci. Étienne Poirier travaille l’espoir par touches, montrant qu’il demeure présent par de petites choses, de ces lettres qui s’envolent dans les grains de sable à une vieille poupée qui voyage. L’auteur s’attarde surtout à la reconstruction de Mamadi et de sa mère, qu’il retrouvera brisée, meurtrie. Leur voyage sera long, mais les mènera jusqu’à Trois-Rivières, faisant en sorte que le lecteur québécois peut faire des liens concrets avec des enfants immigrants qu’il a déjà rencontrés ou connait.
En bref? Un roman à lire, pour s’ouvrir à l’autre, pour découvrir que les réalités sont multiples.
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