Paru d'abord chez Hélium en Europe sous le nom On est tous faits de molécules, ce fantastique livre est arrivé au Québec au printemps 2016 chez La courte échelle sous le nom Nous sommes tous faits de molécules (la traduction est d'ailleurs différente)!
Stewart est un adolescent particulièrement rationnel. Aussi, quand son père lui annonce qu’ils emménageront chez sa nouvelle copine et la fille de cette dernière et que cela demandera quelques adaptations, Stewart relativise. En effet, « quand on a vu sa mère mourir à petit feu d’un cancer, on a déjà eu son lot de journées difficiles » et puis avoir une sœur pourrait être intéressant. Mais l’adolescent ne sait pas encore dans quel guêpier il met les pieds. Parce que Ashley, qui vit un drame depuis que son père a décidé de déménager dans la petite maison du fond du jardin après avoir annoncé à sa famille qu’il était gai, ne voit pas d’un bon œil du tout le fait que les deux hommes viennent envahir son espace. Et qu'elle est prête à tout pour le défendre, d’autant plus que son petit génie de nouveau demi-frère décide de changer d’école pour intégrer sa polyvalente. Ce petit « monstroïde » risque en effet de faire baisser sa cote de popularité, au moment même où le plus beau garçon de l’école semble s’intéresser à elle…
Susin Nielsen traite de différence, mais aussi d’homosexualité, de famille recomposée et de popularité avec beaucoup de finesse dans ce roman. Créant une ambiance légère où l’alternance des narrations entre Stewart et Ashley donne beaucoup de rythme, elle a écrit une histoire accessible à tous les lecteurs.
Susin Nielsen a toujours su créer des personnages riches, qui, quoique normaux, sortent de l’ordinaire. C’est encore le cas ici, avec cette famille recomposée particulièrement éclatée. Stewart ressort du lot avec sa vision très premier degré des choses et son absence de filtre qui donnent lieu à des réflexions absolument délicieuses, mais ceux qui l’entourent tirent aussi leur épingle du jeu. La seule qui m’embêtait un peu au départ était Ashley et l’alternance des points de vue entre le sien et celui de Stewart aurait pu être dangereuse parce qu’il met en évidence le décalage entre l’ouverture et les observations rationnelles de l’un et la superficialité de l’autre, mais l’adolescente a aussi de bons côtés. D’ailleurs, sa propension à se tromper (consciemment ou inconsciemment, allo Faible et Violente) dans les noms est absolument sympathique. Par ailleurs, quand elle se retrouve en danger, on se rend compte qu’on s’est aussi attaché à elle, un peu comme Stewart qui est parvenu à voir celle qui se cachait derrière son masque d’adolescente frustrée.
Côté intrigue, si l’ambiance est plus légère que dans Ma vie racontée malgré moi, l’histoire fait quand même réfléchir le lecteur, sur l’homophobie et le harcèlement, entre autres. Le tout est bien ficelé, la montée dramatique avec ce personnage d’adolescent ténébreux aux intentions tout à fait louches étant efficace et apportant une dose de mystère qui permet de sortir de l’ambiance familiale.
Le petit plus? Les fans de Susin Nielsen repèreront certains de ses anciens personnages au fil du récit. Des clins d’œil sympathiques!
Ce livre est finaliste au Prix jeunesse des libraires 2017 !
Voici la couverture d'Hélium :
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J'allais écrire que j'avais beaucoup aimé de cette auteure "le journal malgré lui de Henry K. Larsen" mais je me rends compte que vous l'avez mentionné également sous son titre québécois de "ma vie racontée malgré moi" :) Je vais lire "on est tous faits de molécules".