Ce qui ne tue pas

Écoutez Emilie Turgeon lire un extrait de son roman:

Lili et ses amis avaient tout planifié. Ils prendraient cette route une journée de tempête, percuteraient le garde-fou et mourraient lors de la descente du ravin. Mais le plan a échoué. Si Franck et Liz sont morts, Lili, elle, a survécu. Et elle se retrouve seule, dans cette famille qui ne se souciait pas d’elle, à devoir revoir cette sœur si parfaite qu’elle met ses propres défauts en valeur, avec ce corps blessé qui doit tout réapprendre. Lili voulait mourir, mais elle devra apprendre à vivre…

Emilie Turgeon aborde le difficile thème du pacte de suicide avec ce roman de la collection Tabou. Présentant le parcours presque initiatique de Lili, elle parle d’amitié, de famille, de deuil et de rééducation. Écrit dans un vocabulaire accessible, il peut rejoindre tous les lecteurs.

Mon avis

Pour son premier roman, Emilie Turgeon s’est attaquée à un sujet lourd, mais elle a su le présenter intelligemment, en utilisant efficacement les retours en arrière. Il y a quelques longueurs au fil du récit, mais l’évolution de Lili est intéressante. Il faut dire qu’elle n’est pas du tout attachante au départ. Égocentrique, en colère après tout le monde, sarcastique, elle ne voit qu’un seul côté des choses. Mais elle change au fil des évènements et des rencontres, prenant de la maturité, sortant de son adolescence. Sa réadaptation aide beaucoup et c’est intéressant de découvrir les conséquences du traumatisme crânien, comme son incapacité à additionner ou encore l’intérêt sexuel qu’éveillent les hommes trop près d’elle. Il y a quelques libertés prises au niveau du processus de réadaptation, mais rien de vraiment dérangeant.

Par ailleurs, Emilie Turgeon évoque aussi avec beaucoup de doigté les répercussions de la mort d’un enfant sur la famille. Franck et Liz amis pensaient que leurs parents pourraient passer rapidement par-dessus leur disparition, mais ce n’est pas le cas et Lili s’en rend compte lorsqu’elle les revoit. C’est d’ailleurs une des choses qui font en sorte que Lili s’accroche et ça fera certainement réfléchir le lecteur même si l’auteure se contente de le montrer sans être moralisatrice.

Le petit plus? Une suite, Le poids du mensonge, paraitra à l’automne 2015!

Merci aux éditions De Mortagne pour le roman et à Pierre-Alexandre Bonin pour la révision!