Assise sur le banc au centre de la pièce, accompagnée par son copain qui ne comprend pas et voudrait bien la voir changer d’avis, l’adolescente se fait tatouer le poignet. Six chiffres, les mêmes que sa grand-mère, marquée à Auschwitch, ceux qu’elle a toujours vus et dont elle ne comprenait pas le sens jusqu’à ce qu’elle pousse la vieille femme à lui raconter. D’ailleurs, chaque fois que l’aiguille marque sa chair, l’adolescente se rappelle…
Roman inclassable, mélangeant actualité et histoire, 146298 utilise un angle tout à fait inattendu pour parler de l’horreur de la Deuxième Guerre mondiale. Très accessible, mais visant un public averti, cette lecture marquera les esprits.
On dit souvent que pour vraiment entrer dans un livre il faut s’attacher au personnage principal. Ce n’est pas le cas ici, le récit étant trop court, parenthèse hors contexte, et pourtant, le lecteur est happé complètement. Ce texte écrit « pour être lu et partagé » se lit d’un seul souffle, souffle qu’on retient, prisonnier des images fortes évoquées par la narratrice, par cette histoire qu’on a déjà entendue et qui pourtant sonne comme une première fois. Que l’histoire soit écrite par la petite fille donne un quelque chose de bien particulier au récit. Cette adolescente n’est pas juive elle-même, mais marquée par l’histoire de sa famille, par ses origines, au point où le commentaire « Ne fais ta pas juive » la fait basculer dans une colère qui demande une action immédiate. Même si on ne comprend pas toujours pourquoi elle veut marquer à jamais cette horreur sur son bras, pourquoi alors que sa grand-mère sombre dans l’Alzheimer (et en est heureuse), elle veut faire en sorte qu’elle se souvienne, le procédé est efficace, tout comme l’écriture, punchée, faite de phrases courtes qui restent en tête. À lire!
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