Dans un futur pas si lointain, les entreprises « viennent en aide » aux familles plus démunies qui ne peuvent payer l’école pour leurs enfants. Au moyen d’un contrat à très long terme, ceux-ci bénéficient d’une éducation dans une école-commerce. C’est le cas du narrateur de l’histoire, un jeune adolescent grandissant au sein de l’entreprise « Jardins et Maisons » et qui part chaque matin en uniforme vert fluo apprendre et travailler. Toutefois, l’école est sans livres, sans ouverture, sans épanouissement des individualités. En fait, elle est essentiellement tournée vers l’efficacité du travail de conseiller-vendeur de la chaine de magasins, ce qui permettra plus tard aux étudiants de travailler et de survivre à ce monde. Heureusement pour les ambitions du narrateur, une résistance s’organise…
L’école est finie se veut une critique sociale autour de l’éducation et des dérives possibles du capitalisme. L’auteur de Méto et de Nox, Yves Grevet, signe encore ici une dystopie. Ce roman paru dans la collection Mini Syros est extrêmement court et peut convenir à des lecteurs plus jeunes. Néanmoins, de par la complexité de la critique sociale, le roman s’adresse également à toute personne plus âgée qui aime réfléchir sur les enjeux sociaux.
L’exergue donne immédiatement le ton au livre : « Où vont tous ces enfants dont pas un seul ne rit? » Yves Grevet, qui est aussi enseignant, réussit, avec seulement une quarantaine de pages, à créer un univers où l’école devient tout simplement terrifiante. Pas de rire pour ces enfants pauvres, donc, mais la promesse d’un travail souvent non souhaité afin de survivre dans un monde qui n’est pas remis en question. Ce qui est d’autant plus sinistre et qui rend la dystopie encore plus crédible, c’est que le lecteur y reconnaitra plusieurs travers de notre société actuelle.
En créant ce monde dérivé du nôtre, l’auteur surprend et, sans servir sa morale, amène le lecteur à réfléchir sur le rôle de l’éducation dans la vie et sur l’importance de la solidarité et de l’engagement. En bref, ce mini-roman, agréable à lire, est un puissant cri du cœur pour une école de la vie et pour une plus grande justice sociale. Comme pour un casseau de frites, j’en aurais pris plus!
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