Billet rédigé par Geneviève Bossé, enseignante
Vivant en Afghanistan depuis quelques années après un exil aux États-Unis, la famille de Fadi se résigne à quitter le pays à nouveau. Les talibans contrôlent tout et ils tyrannisent le peuple avec leur interprétation stricte de l’islam. Les cerfs-volants, les films et la musique, entre autres, sont maintenant interdits. Les filles ne peuvent plus fréquenter l’école. La seule solution possible consiste à fuir ce régime oppressant, mais l’aventure ne s’annonce pas facile. La nuit du départ, toute la famille se rend au point de rencontre déterminé par le passeur. L'adolescent s’occupe de sa jeune sœur, Mariam. Minuit quarante-deux minutes : deux phares éclairent la rue. Le camion est là, il n’y a pas de temps à perdre. Tous se mettent à courir. Dans l’énervement, la fillette échappe sa poupée. Ils doivent se dépêcher, sinon le passeur partira sans eux. Arrivé près du véhicule, Fadi sent deux bras le hisser dans le camion. À son tour, il tente la même chose avec Mariam, mais malheureusement, elle tombe… et le camion part sans elle.
Envahi par la tristesse et la culpabilité, le jeune garçon ne cesse de penser à Mariam. Heureusement, il y a le club de photographie de son école pour lui changer les idées. Cette activité lui permet aussi d’éviter Ike et Félix qui l’intimident et le traitent de terroriste dès que les évènements du 11 septembre se produisent. Pourtant, rien ne pourra empêcher Fadi de retrouver sa sœur.
Ce récit fictif met en lumière une réalité encore d’actualité, celle des migrants quittant leur pays. L’espoir, la famille et l’intimidation accompagnent le parcours du jeune Fadi qui veut coute que coute retrouver sa sœur. Parsemé de passages expliquant la vie quotidienne en Afghanistan, le roman est accessible à des lecteurs débutants, mais l'histoire plaira aussi aux lecteurs plus avancés.
Le roman de N.H. Senzai ne doit pas être considéré comme juste un autre livre au sujet de l’Afghanistan. C’est plus que ça, c’est l’histoire de Fadi qui doit quitter son pays et qui se croit coupable d’avoir abandonné sa jeune sœur. Par le biais de retours dans le passé, le lecteur suit l’évolution psychologique du garçon et tous les efforts qu’il fait pour retrouver Mariam. Au-delà de l’espoir, l’auteure montre aussi la résilience de chacun des membres de la famille, offrant un regard très personnel sur la situation vécue. D’ailleurs, elle intègre très bien les passages concernant les talibans et les évènements du 11 septembre 2001 à la vie quotidienne des Afghans vivant aux États-Unis. Il suffit de penser aux mets typiques, aux différentes traditions et aux valeurs de ce peuple. Bref, le roman offre la chance aux lecteurs de mieux comprendre la situation des migrants et de constater que l’arrivée dans un nouveau pays peut quand même bien se dérouler, mais que les souvenirs de la vie d’avant marquent.
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