Inspirée par « Lettre à un inconnu » de Stephan Zweig, Noëlle décide d’écrire une longue lettre à Erwan pour faire revivre le souvenir de ces cinq occasions où elle l’a croisé dans sa vie. Au fil des pages, elle raconte avec mélancolie, avec tristesse aussi, cet amour qui l’unit à Erwan et qu’elle ne pourra oublier tout au long de sa vie. Cet amour qui nait dans la tendre enfance alors qu’elle n’a que cinq ans. Cet amour soudé par une promesse, le jour de son départ pour l’Europe. « Un jour, je te retrouverai, Noëlle de ma vie ! » lui dit-il alors. Ce n’est que beaucoup plus tard, alors qu’elle revient à Montréal, qu’elle le retrouve dans sa nouvelle école secondaire. Cette deuxième rencontre avec Erwan chamboulera sa vie.
« Une simple histoire d’amour » est un court roman réaliste et saisissant qui creuse les mécanismes de l’amour et de la mémoire. Il s’adresse à des lecteurs avancés, car il est assez complexe, mais surtout à des lecteurs avisés, ne serait-ce que pour certaines scènes assez déstabilisantes.
Impossible de refermer ce roman sans émotion. J’ai été frappé par la beauté du texte et l’écriture incisive d’Angèle Delaunois. Elle va droit au but, sans retenue et sans censure, et nous livre un récit riche et surprenant. Le titre s’applique parfaitement à l’histoire, mais c’est plus qu’une simple histoire d’amour. On retrouve Erwan à cinq moments précis dans le temps et on vit de façon intense ses retrouvailles avec la narratrice. C’est jouissif parfois, douloureux souvent. Mais c’est impeccablement rédigé.
« Une simple histoire d’amour » est un roman percutant qui est resté avec moi pendant plusieurs jours. La justesse des émotions et la maitrise du récit en font un livre essentiel à lire, parce qu’il ne peut laisser personne indifférent et qu’il porte à réfléchir sur la portée de l’amour et du pardon. C’est aussi un brillant hommage au temps qui passe et qui transforme, bien souvent, les gens en inconnus.
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Jamais je n'aurais lu ce récit si je n'en avais pas lu la critique (ici). Le titre et le thème en sont si banals! Les premières pages de ce court récit ne m'ont pas tout de suite convaincue : le ton mature racontant les prémices d'un amour de prime jeunesse sonnait faux à mes oreilles. Pouvait-il de toute façon en être autrement puisque l'histoire est racontée du point de vue de celle qui l'a vécue? Noëlle dira d'ailleurs : «Au fond, je t'avais inventé à la mesure de mes rêves, sans te connaître vraiment.» Cette première réticence s'est vite envolée, car les souvenirs les plus beaux ne sont-ils pas ceux que l'on nourrit? Bref, une très belle réflexion sur les premières amours (exaltation/désillusion/sérénité possible), mais aussi sur la construction de son identité (l'évolution de la chevelure de Noëlle est très parlante à cet égard).