Trop tôt

Billet rédigé par Patrick Isabelle, auteur et libraire

Pia, quinze ans, est en vacances sur le bord de la mer avec ses parents et sa cousine, Marthe, qui a le même âge qu’elle. Les deux jeunes filles, sont très proches et passent leurs journées à traîner sur les terrasses en espérant rencontrer le garçon avec qui elles pourront vivre une histoire d’amour estivale. Leur séjour tirant à fin, les cousines décident d’un commun accord de s’enfuir durant la nuit pour sortir dans un club. C’est là que Pia fera la rencontre de Nathan. Il est plus vieux qu’elle et terriblement attirant. Prise dans le romantisme du moment, elle passera la nuit avec lui et elle se laissera aller pour une première fois mémorable. Mais la réalité la frappera plus tard lorsqu’elle réalisera que ce qu’on lui a enseigné à l’école est bien vrai : il ne suffit que d’une seule fois…

Trop tôt est un court roman choc qui s’adresse à un public averti, principalement à cause des sujets un peu délicat (sexualité, avortement) dont il traite. Ilse lit toutefois très facilement.

Mon avis

Après la première page, je n’ai pas pu m’empêcher de continuer ma lecture. C’est un roman qui se lit d’un coup, comme un souffle. Sans détour, l’héroïne se livre à nous avec une honnêteté déconcertante et un ton plus que réaliste. Elle nous parle de sa première fois, de son désir fou. Elle va droit au bout, pas de flafla inutile ici. Ses états d’âmes et ses questionnements sont justes et ressentis. J’ai vite été touché par son discours intérieur, sa détresse et la poésie qui se dégage de l’écriture.

« Entre avoir des capotes dans la poche et en déposer une sur le sexe d’un homme, il existe un terrain vague, flou, immense. Une galaxie dont je n’avais pas idée. (…) À quinze ans, on ne sait rien et on ne veut surtout pas se préparer. On veut une surprise. Une chance. C’est comme un mystère, l’amour physique. Un voyage. Et à quinze ans, on ne voyage pas en toute sécurité. »

Trop tôt est un de ces romans qu’il faut faire lire dans les écoles, parce qu’il n’est pas moralisateur et parce qu’il traite d’une réalité dont on parle de moins en moins. L’histoire parlera surtout à un public féminin, mais je crois que les garçons peuvent aussi y trouver leur compte, ne serait-ce que pour comprendre ce qui peut bien se passer dans la tête d’une fille de cet âge-là et pour éviter de devenir un autre Nathan.