Billet rédigé par Jean-François Tremblay, enseignant
Autrefois, dans un paisible village perdu on ne sait où, vivait un jeune adolescent prénommé Tomek. Il tenait le magasin général, marchait dans la campagne et prenait plaisir à converser avec son ami, grand-père Icham. Ainsi s’écoulait la vie, doucement. Seulement voilà, Tomek était un rêveur, et il entretenait le profond désir de s’évader. Un soir, une fille, Hannah, fit irruption dans sa boutique en lui demandant des sucres d’orge et de l’eau de la rivière Qjar, qui permet la vie éternelle. Qu’elle était charmante! Pris au dépourvu, il la laissa rapidement filer. Regrettant son manque d’initiative, Tomek se lance à sa poursuite à travers un monde fantastique des plus surprenants, de la Forêt de l’Oubli jusqu’à la rivière qui coule à l’envers.
La rivière à l’envers est un récit fantastique publié une première fois en 2000. La même histoire est racontée dans deux romans différents, selon le point de vue de chacun des personnages principaux : Tomek et Hannah. L’écriture étant très fluide et le livre assez court, il peut aisément convenir aux plus jeunes adolescents amateurs d’histoires merveilleuses, mais qui ne sont pas des lecteurs boulimiques.
Quelle plume, ce Mourlevat! J’ai été franchement enchanté par ma lecture de Tomek. Le lecteur y retrouve une écriture énigmatique, un récit qui fait rêver parmi des décors oniriques, des personnages mystérieux, fougueux et passionnants! Et Mourlevat crée cette ambiance avec légèreté, sans jamais se perdre dans les méandres de son histoire.
Ce qui est encore plus fabuleux dans cette lecture, ce sont les péripéties que Tomek traverse. J’ai été impressionné par cette Forêt de l’Oubli et ses conséquences amnésiques, les passants étant littéralement oubliés par tous ceux qui les connaissent. Le déjanté village des Parfumeurs et l’Île Inexistante marquent eux aussi l’imaginaire du lecteur.
Je n’ai décelé pour ma part qu’une seule ombre au tableau, toutefois assez importante. Malgré les personnages colorés et singuliers de l’auteur, j’avais parfois l’impression de considérer Tomek comme une pâle marionnette dont les autres protagonistes tireraient les ficelles. Le héros est bien souvent inactif dans les moments cruciaux et se laisse simplement aller au gré de ses rencontres. Cela contribue surement, en contrepartie, à amplifier l’ambiance rêveuse conçue par Mourlevat, mais cela fait en sorte qu’on s’attache moins au héros.
Assurément, La rivière à l’envers – Hannah, s’est mérité une place de choix dans ma pile de livres à lire!
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TRES BIEN MERCI