Billet rédigé par Patrick Isabelle, auteur et libraire
Mikael revient chez lui à contrecœur. Il avait tout quitté, sa famille, ses amis, l’école, pour se retrouver en ville, seul et misérable. Mais au bout de quelques jours là-bas, il a rencontré un jeune homme qui lui a offert de l’héberger, de le nourrir, de lui fournir un logis et un lit où il pouvait se reposer. Mais Mikael n’était pas atterri n’importe où : il était dans un temple Krishna et celui qui l’a aidé est un moine. Fasciné par son nouvel ami, l’adolescent est devenu l’un d’eux, s’immisçant dans cette nouvelle vie corps et âme. Mais Mikael doit revenir chez lui… pour être présent aux funérailles de son père.
Son crâne rasé, sa toge de moine, ses yeux sereins… il débarque dans son ancien patelin comme un extra-terrestre. Il se retrouvera confronté à sa mère et son frère qui sont incrédules, frustrés et déçus, à sa tante et son oncle qui sont presqu’insultés par son attitude et au monde de son adolescence qu’il a tenté désespérément de fuir. C’est aussi la confrontation ultime entre celui qu’il est devenu et l’ancien Mikael, celui qui refait surface pour tester ses nouvelles croyances. Entre tout ça, il y aura la cérémonie, le curé, les anciens amis et sa marraine qu’il n’a pas vue depuis des années.
Hare Krishna est un roman percutant sur la quête d’identité et sur la rédemption. Ses thèmes durs le destinent surtout à un lectorat mature, mais l’écriture juste et concise en fait une lecture facile et agréable.
Dès les premières pages, j’ai été happé par l’écriture de François Gilbert. La voix de son Mikael est si juste, si criante de vérité, qu’on embarque immédiatement dans ce récit comme si on nous guidait doucement en nous prenant par la main. Malgré l’énormité du sujet, on croit en son histoire, on comprend ce qui a poussé le personnage à adopter ce style de vie peu conventionnel. Je me suis posé peu de question durant la lecture : j’ai accepté la proposition de l’auteur et je me suis laissé convaincre.
Les personnages nous sont si bien dépeints et les dialogues si bien écrits, que j’ai eu l’impression de connaitre cette famille-là. C’est la grande force de ce roman. On entre complètement dans la tête du personnage et on s’y attache rapidement. Mikael est nuancé, plein de contradictions et profondément humain. C’est rafraichissant.
François Gilbert réussit à aborder différents sujets avec force, sans tomber dans le pathos. On se retrouve face à un personnage qui doit affronter ses démons et son passé au milieu d’une crise familiale, et tout nous est raconté en finesse avec les non-dits que ça implique. Un roman touchant, remarquablement écrit, qui porte à réflexion et qui suscitera bien des réactions auprès des jeunes et des moins jeunes.
Malgré un dénouement qui m’a semblé un peu précipité, je suis sorti de ma lecture ébranlé et le roman m’a habité encore pendant quelques jours. J’aurais presque voulu que ça ne s’arrête pas pour continuer de suivre Mikael.
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