Le tour du monde en 80 jours

Billet rédigé par Marie Fradette, spécialiste en littérature jeunesse

Phileas Fogg, entouré de ses partenaires du Reform Club, fait le pari de faire le tour du monde en 80 jours. Mais pourquoi donc ? Les convives discutent d’un vol important survenu à la Banque d’Angleterre. L’un après l’autre témoignent du fait que la Terre est bien assez vaste pour que le voleur s’échappe sans se faire retrouver. Mais voilà que Fogg se lance et affirme que l’on peut maintenant parcourir la Terre en peu de temps. En 80 jours, selon lui. Et le voilà parti en compagnie de son valet Passepartout pour un périple impressionnant dans lequel ils seront continuellement surveillés par un inspecteur, celui-ci étant persuadé qu’il tient là les coupables du vol : « Il parut évident que ce personnage mystérieux et isolé, prétextant un voyage autour du monde et l’appuyant sur un pari insensé, n’avait d’autre but que d’échapper à la police ! » Alors, entre le sauvetage d’une belle indienne et l’arrivée à bon port, nous serons témoins, notamment, du passage rapide de Passepartout dans une troupe d’acrobates tout comme de l’achat d’un navire à prix d’or pour se rendre rapidement à Liverpool.

Ce classique de la littérature française permet de parcourir rapidement le monde, de rencontrer quelques us et coutumes, mais surtout de sentir toute la détermination de Fogg, sa volonté de réussir pour ne pas trahir sa parole. Par le biais de cette version illustrée, les ados pourront découvrir ce texte fort dans lequel l’aventure est valorisée.

Mon avis

Dans la collection des classiques parus chez Milan, parmi laquelle on compte des titres aussi variés que Cendrillon, Moby dick, Trisan et Iseult, Cléopâtre, reine d’Égypte, Maxime Rovere propose ici une adaptation du Tour du monde en 80 jours avec classe et aplomb. Dans un texte, relativement substantiel, l’auteur met l’accent sur l’action, les déplacements de Fogg et Passepartout, mais tout en relevant ici et là quelques faits marquants contribuant ainsi à maintenir le suspens qui fait la force de cette aventure. Fogg arrivera t-il à temps ? Les heures passent, les ennuis s’accumulent pour freiner la course, mais le riche gentleman réussit malgré tout à franchir les barrières. Toutefois, le temps est un concept parfois bien relatif et peut filer entre les doigts de celui qui croit le saisir… Il faut lire la finale pour voir tout le génie de Verne.

La prestance des personnages et des décors ainsi que la finesse de la langue se marient aux illustrations très classiques de Jonathan Burton. Les pleines pages alternent avec des petits encadrés insistant toujours sur les passages clés de l’intrigue. Quelques doubles pages aussi viennent mettre en lumière des moments fatidiques, notamment la traversée de l’Amérique en train ou, encore, le démantèlement d’une partie de l’Henrietta qui servira à chauffer ses moteurs, sans quoi Fogg ne pourra poursuivre la route. Les couleurs très sobres utilisées pour dépeindre l’univers anglais tranchent par ailleurs avec les vert clair, les fushias et les dorés présents dans l’univers Hindou. Enfin, le tout est divisé en 9 chapitres, permettant de bien respirer entre les différentes stations parcourues par les personnages. Une très belle adaptation à lire et faire lire aux grands.