Billet rédigé par Marie Fradette, spécialiste de la littérature jeunesse
Quand j’écris avec mon cœur, avec mes mains, mes yeux, quand j’écris avec ma tête « je me prends pour un génie/ je me gonfle comme une montgolfière/ je fais mon intelligente/ je fais comme si je savais tout même si je suis pleine /pleine de mille mille mille questions ». Ce recueil grand format présenté sous forme d’album réunit plusieurs poèmes regroupés selon différentes perspectives. D’abord, la narratrice évoque la poésie à travers ses yeux, sa tête, ses mains et tout ce qui lui permet de saisir la force des mots. Elle nous entraine ensuite dans l’essence de ce qu’est pour elle la poésie. Par exemple, « c’est quand des mots me chatouillent la bouche puis jaillissent de mes lèvres en fleurissant comme des fleurs / c’est voir tout ce qui est triste et continuer à fabriquer des fleurs de papier grosses comme des éléphants ». Puis, elle laisse parler ses émotions, notamment la tristesse, la joie, la peur, la colère, l’amour, le bonheur ou encore la peine « [s]on cœur arrosoir percé qui coule de partout ». Elle livre aussi une suite de poème écrits au gré du temps inspirés du quotidien, de la nature, des moustiques, du malaise ou encore des mille et une questions qui préoccupent son existence. Enfin, la dernière page réunit la narratrice et l’Autre pour qui elle écrit : « Toi d’ici ou de là-bas / Toi que j’aime même si je ne te connais pas puisque le cœur n’a pas de couleur. »
La poésie se déploie ici simplement dans une suite de thèmes qui touchent au fondement de la vie, de l’existence, ce qui saura rejoindre les plus grands dans leurs préoccupations ultimes que sont l’amour, l’amitié, la douleur, la beauté.
Cet album plonge les lecteurs dans une suite de poèmes simples, parfois enfantins, mais toujours humains, c’est à dire portés par des émotions universelles, des préoccupations trop souvent oubliées par les adultes. Le souci de l’Autre, l’importance accordée à l’instant présent ou encore simplement à la nature, aux détails qui nous entourent - et participent de ce que nous sommes - reviennent dans chacun des vers. Si aborder la poésie reste un défi pour plusieurs, cet ouvrage a ce qu’il faut pour y entrer sans effort. Mireille Levert parvient à saisir l’essence de ce que peut être le genre qui se trouve finalement dans tout, suffit de jouer avec le regard, de changer l’angle pour « voir ce qui est invisible ». Les illustrations bleutées alliant lignes pures, délicatesse du trait et quelques découpes ajoutent à la candeur et à la simplicité de l’ensemble. Et, bien que le recueil ait été écrit pour un jeune lectorat, ou un jeune auditoire, il y a là suffisamment de matière, de pistes de réflexion pour alimenter les plus grands et leur faire découvrir que la poésie n’a rien de bien sorcier, qu’elle fait partie de leur vie sans même qu’ils n’y aient pensé.
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