Dans son imaginaire, Grayson a de longs cheveux blonds et porte des robes tous les jours. Dans la réalité, l’adolescent se camoufle dans des vêtements larges, ne parle à personne, tente de se fondre dans le « moule » garçon malgré une souffrance de plus en plus grande. Mais un début d’amitié possible et un nouveau rejet créent une brèche dans sa coquille et une suite d’évènements le mène sur la scène des auditions pour le théâtre de l’école. Quand son enseignant lui demande quel personnage il veut jouer, la réponse fuse : la déesse grecque Perséphone.
Ami Polonski parle de la délicate question du genre, mais aussi de famille, d’ouverture et de persévérance dans ce roman porté par l’émotion qui vise les lecteurs intermédiaires.
Le secret de Grayson n’est pas un secret pour le lecteur. Dès le départ, on sait qu’il a toujours eu l’impression d’être une fille, d’être dans le mauvais corps, qu’il déteste ce qu’il voit, ce qu’il est obligé de porter. « Comment font les gens qui ont un secret pour se protéger ?» lui demande Finn, son enseignant de littérature. « Ils s’isolent », lui répond Grayson. Il le sait, parce que c’est ce qu’il a fait depuis de trop nombreuses années, replié sur lui-même, refusant tout contact à l’extérieur de ceux de sa famille adoptive, son oncle, sa tante et leurs deux fils, pour ne pas souffrir. L’arrivée d’Amelia crée une brèche, mais ce nouveau rejet n’en est que plus terrible et c’est là que tout éclate, que l’histoire prend tout son sens.
Le choc est grand quand Grayson dit ce qu’il veut jouer et chacun réagira différemment, tant à l’école qu’à la maison. Les adolescents peuvent être méchants envers la différence et c’est bien montré ici, et les adultes peuvent avoir peur, refuser les nouveaux schémas de pensée, mais certains sont ouverts. Et Ami Polonsky arrive à rendre parfaitement le chemin de Grayson, en évitant les clichés, en créant une histoire authentique. Le lecteur s’attache à l’adolescent, compatit, retient son souffle. Si la finale n’est pas toute rose (comme dans la vie), les dernières pages laissent entrevoir l’espoir. Magnifique.
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