Ulysse et Ludovic ont été élevés comme deux futurs champions de tennis. Leur père assure la figure de coach sur le court et à l’extérieur, ne leur laissant aucun moment de répit. Si les premières années étaient amicales, la rivalité entre les deux frères, empoisonnée, devient dangereuse. Et quand les blessures répétitives d’Ulysse le pousse à l’abandon, Ludo prend toute la place, reléguant son frère cadet dans l’ombre. Sauf qu’il n’a plus le droit de perdre et doit prendre toute la pression paternelle sur ses épaules. Jusqu’à ce qu’il craque à son tour et que l’univers s’effondre. Comme Ulysse pourra-t-il y survivre ? Et comment peut-il encore aimer ce sport qui lui a tout pris ?
Double faute est un roman frappant sur la pression de performance, sur la rivalité fraternelle, sur les enjeux du sport d’élite, sur la ligne de faille présente en chacun, mais aussi et surtout sur la quête d’identité. Bien qu’accessible, il s’adresse à des lecteurs matures. Attention, la langue est très « vivante » et la répétition des « j’ai trop kiffé » et compagnie pourrait embêter les lecteurs qui ne sont pas Français.
Isabelle Pandazopoulos s’attaque à des thèmes peu vus en littérature jeunesse, et pourtant réellement pertinents. Elle a surpris avec La décision, sur la parentalité adolescente, et s’intéresse maintenant aux sportifs de haut niveau qui doivent conjuguer les changements liés à leur âge à une pression de plus en plus forte. L’angle choisit ici, avec deux frères tyrannisés par un père exigeant, devenus ennemis à cause de la compétition, et ce drame qui terrasse Ludo dès le départ, captive. La table est mise et la suite ne peut qu’être intéressante. C’est Ludo le champion, mais l’auteure met la lumière sur Ulysse, son rapport à ce drame, la dissolution de sa famille, l’impact que l’absence de son frère a sur lui et l’attrait, malgré tout, du sport qui l’a façonné.
Bien qu’élément central, le tennis sert surtout de toile de fond, si bien que ceux qui ne s’y connaissent pas ou aiment moyennement ne devraient pas être rebutés. En effet, c’est vraiment sur les personnages qu’Isabelle Pandazopoulos centre son récit, sur le parcours d’Ulysse et son adolescence. Au fil de son histoire, elle parle de drogue, d’alcoolisme et de handicap, avec un talent exceptionnel pour faire passer l’émotion.
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