La guerre s’approche et le père de Peter s’enrôle. Laissant son fils au soin de son grand-père, à cinq cents kilomètres de leur demeure, il le force à d’abord abandonner son renard dans la forêt, prétextant que le vieil homme est trop fragile pour avoir un tel animal entre les jambes. Mais sitôt arrivé, Peter réalise qu’il n’aurait jamais dû abandonner Pax. Et il décide de retourner le chercher, peu importe la distance, peu importe s’il n’a que douze ans, peu importe si le chemin est dangereux parce que la guerre approche.
Écrite pour les neuf ans et plus et ponctuée par les magnifiques illustrations de Jon Klassen, ce roman de Sara Pennypacker parlera tant aux plus jeunes qu’aux plus vieux grâce à la force de ce texte qui aborde, du côté des humains comme de ceux des renards, l’importance de la famille, biologique ou non, la confiance, le besoin de liberté, les conséquences de la guerre.
Dès les premières lignes, quand le renard parle de « son garçon » comme l’enfant parle de « son renard », on sent qu’il y a quelque chose de bien spécial dans ce récit et cette impression ne se dément pas durant les trois cents pages de ce qui est un véritable coup de cœur.
Il y a tout dans ce roman : une histoire qui touche l’universel, une plume riche, des personnages plus grands que nature, tout en nuances, une réflexion sur la guerre et ses conséquences, sur la vie elle-même, sur le sentiment d’appartenance. On rit, on réfléchit et on est touché par cette histoire qui marque profondément et qui se déroule à tour de rôle du point de vue de Peter et de celui de Pax.
Ce sont d’ailleurs les personnages qui plaisent d’abord. Peter, oui, avec les traumatismes de son enfance, son attachement à Pax, ses valeurs morales qui le poussent à affronter tous les dangers pour faire son devoir. Pax, ensuite, renard domestiqué depuis qu’il est tout jeune et qui se retrouve seul au milieu de la forêt, forcé de trouver une façon de survivre, d’apprivoiser les siens, de se faire à la vie sauvage, de comprendre que « son humain » n’est pas comme les autres. Vola, finalement, la femme que Peter rencontre rapidement dans son périple, quand il se blesse et n’arrive plus à avancer. Ancienne soldate, victime de stress post-traumatique, Vola vit en recluse sur une ferme, ayant l’impression qu’elle ne peut que blesser les autres. Pourtant, entre Peter et elle l’amitié nait de l’entraide, des silences, du besoin de l’autre et c’est elle qui permettra au jeune adolescent de poursuivre sa quête, plus fort, plus serein.
C’est ensuite la force du récit qui captive le lecteur. D’abord parce qu’on veut découvrir ce qu’il adviendra de Pax et de Peter, ensuite parce que l’histoire est riche en rebondissements et que les difficultés qui se dressent sur le chemin des deux héros sont complexes. Il ne s’agit pas juste de trouver une solution, il est ici question de dépassement de soi, d’évolution profonde. Finalement, ce récit est aussi fort parce qu’il va plus loin que l’histoire de Peter et de Pax et que l’auteure s’interroge sur la nécessité de la guerre, ses conséquences, le rapport à la violence des hommes, le tout à travers des conversations, des façons d’être, des souvenirs qui se tissent en images. Si la fin peut être frustrante tant elle est brusque, elle s’accorde néanmoins au reste, laissant une grande part de liberté aux personnages ainsi qu’au lecteur. Magnifique.
Le petit plus? L’auteure a longuement étudié les renards avant d’écrire ce récit et ça se sent dans le souci des détails. Elle transcrit en italique ce qu’ils se seraient dit s’ils étaient dotés de parole, pour faciliter la compréhension du lecteur, mais elle rend aussi très bien leur façon de communiquer par les sons, le langage corporel, l’attitude. Du travail d’orfèvre.
Pssst, la suite est parue (et est à la hauteur de toutes mes attentes!) : Pax et le chemin du retour.
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cest un livre trs amusant