Liv a toujours su qu’il était un garçon même si dans les faits il est une fille. Mais être l’enfant de deux mères, c’est déjà difficile à porter. Il n’a donc jamais confié son secret à quiconque, même pas à sa meilleure amie Maisie, qui ne se rend compte de rien alors qu’il a toujours porté ses cheveux courts et qu’il n’a jamais porté de vêtements « de filles ». Du moins jusqu’à ce qu’il fasse son entrée au collège où, pour suivre le règlement, il doit porter une jupe. L’horreur. La seule façon de pouvoir éviter cette corvée, c’est de faire changer le règlement. Mais la bataille sera rude et, alors que Maisie l’abandonne, Liv devra trouver de nouveaux alliés…
Opération pantalon est un roman visant un public de 10 ans et + et abordant de front le sujet de la transsexualité ainsi que celui de l’homoparentalité, mais aussi les thèmes de l’amitié, de la loyauté et de la persévérance. Écrit dans une langue accessible, il convient à tous les lecteurs, mais pourrait en perturber certain par l’utilisation d’un «je» masculin alors qu’Olivia est, du moins extérieurement, une fille.
Dans la marée des romans portants sur la transsexualité qui ont fait leur apparition sur les tablettes cette saison (George, Celle dont j’ai toujours rêvé, Trans, La fille désaccordée, pour en nommer quelques-uns), Opération pantalon est l’un de ceux qui visent un public plus jeune… du moins sur papier. En effet, si Liv est censé avoir 11 ans, il a souvent des réflexions plus matures, ce qui fait qu’on croit difficilement à son âge. Une fois de temps en temps, l’auteure semble se rappeler qu’il est encore jeune et lui fait jouer à la guerre dans le jardin avec son petit frère ou faire des concours du plus grand nombre d’olives en bouche, mais tant dans ses gestes que dans ses réflexions (il dit par exemple à une occasion qu’une fille ressemble à une voiture volée), il est très adulte.
Ce détail est parfois agaçant, mais si on le met de côté, on entre facilement dans cette histoire parce que Liv est très attachant. L’utilisation du « je » permet au lecteur d’entrer dans sa tête et de voir à quel point cette certitude d’être un garçon est ancrée. D’ailleurs, tous les accords faits au masculin dans le roman font qu’on oublie parfois qu’il est encore considéré comme fille et permet au lecteur de sentir le décalage bien réel que Liv vit entre son ressenti et le regard extérieur.
Par ailleurs, l’entourage du personnage principal est fort sympathique. On sent les liens tissés serrés dans cette famille et l’impact que ça a sur Liv. Cette famille contrebalance la réalité scolaire où Liv se fait mettre à part à cause de son apparence, ce qui permet à Cat Clarke de placer aussi la question de la popularité au centre de son récit. Si certains fils sont un peu gros, on suit cette opération pantalon avec plaisir et ce roman pourrait bien amorcer de nombreuses réflexions, sur la différence, oui, mais aussi sur l’entraide nécessaire et sur l’ouverture à l’autre.
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