Garçon manqué

Éloi a toujours été un garçon dans sa tête, malgré son corps de fille. Dès son plus jeune âge, Éloïse a donc fait des crises, refusant les robes, les paillettes, les jeux trop féminins. À l’approche de l’adolescence, Éloi n’en peut déjà plus de se battre et il voit arriver la puberté avec terreur. Lui qui ne reconnait déjà pas ce corps qui n’a pas de pénis, comment pourrait-il s’habituer aux seins, aux courbes et aux menstruations? Pour l’éviter, il faudra trouver le courage d’en parler à ses parents, puis d’affronter le monde extérieur, l’école en premier…

Publié dans la collection Tabou, Garçon manqué traite avec doigté de la transsexualité à travers le regard d’Éloïse/Éloi. Le lecteur suit ses changements sur une période charnière de sa vie, de 10 à 17 ans, avec des incursions dans le passé à travers ses souvenirs. Basé sur des faits vécus, le roman peut rejoindre les lecteurs intermédiaires et sera très utile à ceux qui vivent cette situation.

Mon avis

J’ai découvert Samuel Champagne grâce au très joli roman La recrue, j’avais donc hâte de le retrouver dans un roman encore plus près de sa réalité et, si ce nouveau récit est très différent du précédent, on retrouve tout de même la fluidité de son écriture et l’authenticité des situations qu’il décrit.

En fait, la différence se retrouve beaucoup dans le ton puisque Garçon manqué est, quoique narratif en général, plus descriptif.  On sent au fil des chapitres la volonté d’informer ceux qui ne connaissent rien à la transsexualité et d’aider ceux qui vivent cette réalité, ce qui se traduit par des intrigues parallèles moins développées puisqu’on se concentre vraiment sur la transformation d’Éloi, sur les problèmes (et solutions) qu’il rencontre et sur les réactions de son entourage.  L’auteur étant lui-même en transformation, on sait en commençant le livre qu’on touche à quelque chose de vécu et on le sent tout au long, en filigrane, à travers certaines scènes plus fortes, entre autres.

J’ai aimé que Samuel Champagne reste positif dans son approche. Oui, c’est difficile sur le plan familial, le personnage du père est d’ailleurs très bien construit et crédible, mais Éloi a un ami qui l’accepte complètement et il obtient de l’aide lorsque, via internet, il trouve un médecin et de l’information lui permettant de comprendre qu’il n’est pas seul dans sa situation. Il est aussi question des difficultés vécues à l’école, mais sans que ce soit trop souligné, permettant au récit d’avancer. Les pistes de réflexion et d’aide se retrouvent donc dans le récit qui sera sans doute un outil fort utile pour ceux qui, comme Éloi, vivent dans un corps qui ne leur ressemble pas. 

Si vous voulez poursuivre dans cette thématique, je vous conseille La face cachée de Luna !

Merci aux éditions de Mortagne pour le roman!