Roslend

La Deuxième Guerre mondiale fait rage et les bombes tombent sur Londres, obligeant ses habitants à se terrer dans les abris. Vivant avec son grand-père, la seule famille qui lui reste, Lucan est voué à prendre la suite de son aïeul et devenir horloger. Mais il voudrait plus d’action… et l’adolescent sera servi quand, suite à la mort brutale de son grand-père, il est projeté dans un autre monde, à Roslend, là où une autre guerre fait aussi rage. Un monde où ce que Lucan fait pourrait bien influencer le destin de Londres…

Cette uchronie marie avec brio l’Histoire et le fantastique dans un récit rythmé par deux guerres où les rebondissements sont nombreux. Complexe en raison de ce dédoublement, le récit s’adresse aux lecteurs intermédiaires et avancés.

Mon avis

Derrière cette superbe couverture se cache un arrimage réussi entre Histoire et fantastique, avec ce monde parallèle qui influe sur ce qui se passe dans le monde réel, et donc sur la Deuxième Guerre mondiale. Nathalie Somers a beaucoup d’imagination et cette idée de lien entre les deux mondes grâce à une clé cachée dans l’horloge du grand-père offre de nombreuses possibilités.

Il faut saluer d’ailleurs la fluidité dans les passages entre les univers et son inventivité pour créer des situations imaginaires (il est question de monde sous-marin caché et d’animaux modifiés en machine de guerre, entre autres) qui sont le reflet de ce qui se produit durant la Deuxième Guerre mondiale. Seul à pouvoir passer d’un côté à l’autre, Lucan est un personnage principal intéressant, impulsif et courageux, porté par son cœur. L’auteure a su lui donner une histoire crédible et des intérêts, par exemple pour le hurling, un sport gaélique, qui expliquent plusieurs de ses exploits à Roslend et le fait qu’il soit irlandais (du moins le croit-il), permet d’aborder les rapports tendus entre ce peuple et les Anglais à cette époque. La scène où il veut s'enrôler dans la RAF pour l’Angleterre est d’ailleurs particulièrement réussie.

Seul bémol, les personnages féminins sont un peu mous. Si Catriona, la meilleure amie de Lucan dans le monde réel, a un peu plus de substance, elle n’échappe pas au charme de l’adolescent et, comme toutes les autres, en est amoureuse. Ce n’est pas mauvais en soi, mais quand les filles sont prêtes à tout sacrifier instantanément pour un étranger à cause de son charme, c’est un peu poussé… J’aurais donc aimé que l’auteure fasse preuve de plus de subtilité, comme elle l’a fait dans tout le reste de ce récit, rudement bien ficelé. N’hésitant pas à multiplier les intrigues, elle aborde aussi la politique, à la fois dans le monde « réel » et dans Roslend, alors que les dirigeants sont remis en question des deux côtés. Vraiment, c’est un roman riche. Vivement la suite!

Merci aux éditions Didier Jeunesse pour le roman et à Pierre-Alexandre Bonin pour sa révision du billet!