Il y a un an que son père et Ben, son jeune frère, sont morts dans un accident d’auto quand Cedar arrive à Summerlost avec sa mère et son autre frère, Miles, pour passer l’été dans leur nouvelle maison de vacances. Incapable de faire son deuil, la jeune fille cherche à se changer les idées et c’est ainsi qu’elle se met à suivre Leo, un garçon bizarre qui habite sur sa rue et passe tous les jours en vélo… vêtu d’habits du seizième siècle. Quand elle découvre qu’il vend des programmes dans un festival de théâtre, Cedar voit là une occasion parfaite. C’est ainsi qu’elle découvre l’envers du décor du festival et l’histoire de Lisette Chamberlain, actrice célèbre fort attachée au festival qui est morte une nuit après y avoir joué. Lancée avec Leo sur ses traces, elle oublie presque la douleur du manque et le mystère des objets déposés à sa fenêtre à intervalles réguliers…
À travers ce récit d’aventure estival, c’est à la reconstruction de Cedar (et de sa mère) que le lecteur assiste. Avec une plume poétique, Ally Condie livre un récit authentique tout en douceur qui peut rejoindre les lecteurs intermédiaires dès 10 ans.
C’est un beau récit que propose Ally Condie avec Summerlost, un livre qui a le gout des derniers rayons d’été et qui donne envie de s’envelopper dans ses souvenirs, de dire à ses proches qu’on les aime, de savourer leur présence avant que l’automne s’installe.
Si le livre est accessible aux plus jeunes (et parfois un tout petit peu trop doux, trop lisse), il résonnera aussi chez les plus vieux parce qu’on touche ici à l’universel avec les thèmes de la mort et de la culpabilité ressentie ainsi qu’avec des clins d’œil à la vie réelle (coucou les « soaps dramatiques » qu’on écoute en cachette même si on sait très bien que c’est complètement débile). Le personnage de la mère est aussi très fort et parlera aux adultes qui ont déjà vécu un deuil. Bien qu’elle ne participe pas de façon active à l’intrigue, ses apparitions sont marquantes.
Le thème de la culpabilité est particulièrement bien traité avec cette idée que Cedar se sente responsable quelque part de la mort de son frère parce qu’elle a parfois souhaité qu’il disparaisse. Il y a quelque chose de profondément triste à la voir se dépêtrer avec ce sentiment, d’autant qu’on sent bien tout l’amour qu’elle porte à ce frère qui était différent (autiste sans doute, même si ce n’est jamais nommé) et qui l’énervait parfois tant il demandait d’attention. Heureusement, sa rencontre avec Leo et les aventures autour du théâtre l’amène à quitter ses pensées noires et on la voit changer, accepter ce qui s’est produit.
Le petit plus? La langue est jolie et il y a quelques perles au fil du roman, de celles qu’on a envie de noter pour s’en souvenir longtemps.
« La fin, c'est ce qu'on retient. La façon dont les gens sont morts. Pourquoi faut-il toujours parler de la fin? Penser à la fin?
Parce que c'est la dernière chose qu'on sait sur eux. Et cela nous brise le cœur parce qu'on peut l'imaginer. On n'en a pas envie, et on sait qu'on peut se tromper, mais on le fait quand même. Ces derniers moments nous reviennent sans cesse à l'esprit, éveillés, endormis.
[...]
Vos derniers moments ont été les pires moments, mais il y en a eu d'autres. Et des gens vous accompagnaient pendant certains d'entre eux. Je vous accompagnais pendant certains d'entre eux.
Il y a eu des moments où nous étions tout, tout autour de vous. »
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