Dans un monde où tous les êtres vivants sont devenus stériles et où ils sont de moins en moins nombreux, Avril a décidé de survivre le plus longtemps possible et de protéger son jeune frère, Kid, des horreurs qui se passent dans les villes. Retirés dans la forêt, ils se nourrissent grâce aux enveloppes de survie tirées d’une capsule. Mais quand leur chemin croise celui des Étoiles Noires, des illuminés violents qu’Avril a côtoyés avant que le monde ne s’écroule réellement, leur bulle de sécurité éclate et ils doivent fuir. Commence un road-trip où les embûches sont nombreuses, mais où l’aide vient de là où on ne l’attendait pas…
Roman post-apocalyptique qui offre de l’action et des émotions fortes, mais aussi de superbes images et une belle poésie, Sirius est une œuvre complexe qui se déploie sur plusieurs niveaux et questionne notre rapport au monde et aux animaux. Écrite dans une langue riche et complexifiée par une écriture non-linéaire, il vise les lecteurs intermédiaires et avancés.
Quand Stéphane Servant met sa poésie au service d’un roman de fin du monde, le résultat ne peut qu’en être marquant. Dans l’ère du temps, ce roman s’inscrit dans la veine des œuvres post apocalyptique et j’ai songé au Jardin des épitaphes de Taï-Marc Le Thanh quand j’ai commencé le récit parce qu’on rencontre ici un duo dont la plus âgée, Avril, protège son petit frère à tout prix. Il y a aussi un peu de La route de Cormac McCarthy (d’ailleurs, la publication du côté jeunesse de ce roman ne devrait pas empêcher les adultes de s’y plonger).
Dès le début du récit, on comprend qu’on est dans un équilibre fragile et on est frappés par la justesse des mots de Servant quand il évoque le monde et ses fractures, les réflexions d’enfant de Kid, la tendresse ressentie par Avril. Puis le danger survient et tout bascule. La poésie reste pourtant bien présente et l’arrivée de Sirius apporte un vent d’espoir, particulièrement dans le cœur de Kid, qui se remet à croire en une vie qui pourrait être meilleure, en ces zoiseaux dont lui parlait Avril, en la possibilité de survivre.
La route est longue et ardue et les deux voyageurs feront un face à face avec l’humain dans son sens large, avec toute l’étendue de sa bienveillance, mais aussi de sa cruauté et de sa haine. Heureusement, Sirius est là et avec lui toute une bande dont je ne dirai rien de plus, mais qui surprend. Et qui fait réfléchir à notre rapport à l’autre, mais aussi à tout ce qui nous entoure.
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Cet auteur plaira à tous ceux qui aiment le mélange de réalisme et de poésie. «Le Cœur des Louves», récit qui s'adresse à de jeunes lecteurs avancés, voire à des adultes, m'avait déjà séduite. Et là, dans un tout autre registre, ce même envoutement! «Sirius» nous emporte dans un voyage impossible, qui devra bien trouver un aboutissement. Mais quel sera-t-il, cet aboutissement, se demande-t-on tout au long du récit. Quelle entreprise périlleuse que d'écrire un tel roman! Mais quelle réussite! Prix Sorcière 2018, «Carrément passionnant, univers MAXI».