Billet rédigé par Jean-François Tremblay, enseignant
Tout juste échappé des prisons du monde d'Asmarie, un ogre vient d'arriver sur Terre par une mystérieuse porte magique. À part l'envie de dévorer un roi (ou un président!), il semble n'avoir aucun autre but que de manger tout ce qu'il trouve de vivant sur son passage. La ville de Paris devient donc un véritable buffet à volonté pour le monstre qui, au fil des humains avalés, grossit jusqu'à en devenir un géant surdimensionné. Bientôt, même l’armée ne pourra l'arrêter!
Heureusement, un magicien d'Asmarie et son apprenti tentent tant bien que mal de le traquer en misant sur les poudres magiques du maitre et sur les pouvoirs de transformation en animaux de l'élève. Et il y a aussi Jeanne, la narratrice, seule Terrienne qui croit encore à la magie, et première victime de l'ogre : elle s'est fait manger son coeur et doit le retrouver avant le lever du soleil. Si elle n'y arrive pas à temps, la poudre du magicien qui l'a sauvée cessera de faire effet…
Un ogre en cavale est un roman d'aventure alliant fantastique et folie. Il met en scène une adolescente solitaire à l'esprit vif, souvent raillée pour son attirance envers les mondes imaginaires de ses livres préférés. Le livre s'adresse aux lecteurs débutants et intermédiaires du début de l'adolescence qui rêvent de magie et d'aventure. Quelques illustrations d'un style de dessin animé ponctuent le tout. Notez aussi que, comme pour certains romans récents chez Castelmore, il en existe une deuxième édition imprimée avec une police d’écriture plus facile à lire pour les dyslexiques.
J'ai su très tôt que Un ogre en cavale allait me plaire! L'aventure ne tarde pas à débuter et le style rocambolesque de l'auteur colore immédiatement le récit. Un ogre qui croque à mort impunément tout passant et qui laisse des trainées de viandes grillées et de bananes flambées (pourquoi pas!), des parents transformés en statues de pierre (ça peut être pratique!), des gobelins ignorés des humains qui ramassent leurs objets perdus dans des souterrains (ils font bien ce qu'ils veulent!)… Cette extravagance toujours amusante et teintée d'humour – même dans les scènes qui pourraient sonner dramatiques–, présentée par une belle plume rythmée et précise, offre un décor qui me rappelle avec bonheur celui des excellents La très honorable ligue des pirates et De cape et de mots. Et c'est sans compter que, comme les personnages de Hilary et de Serine de ces deux romans, l'héroïne que le lecteur apprivoise ici est une jeune fille ingénieuse qui n'a pas froid aux yeux!
En plus du style coloré de l'oeuvre, j'ai aimé comment la poursuite – d'abord enlevante, mais simple – gagne en complexité en progressant. Dans une course débordante de surprises, Paul Beorn fait découvrir à ses lecteurs l'excentricité des magiciens, la dangerosité de l'ogre et l'art de l'épatante magie d'Asmarie. Tout comme ses personnages, l'auteur a plus d'un tour dans son sac et élabore des péripéties captivantes mettant en scène de nouveaux personnages vivants (mais parfois morts!). En trame de fond, l'évolution de l'adolescente se peaufine et occupe une place que l'on devine de plus en plus importante. D'abord qualifiée de solitaire qui vit en décalage avec son monde, celle-ci s'attache au fantôme de la princesse d'Asmarie, qui la suit et l'épaule constamment, ainsi qu'au bel apprenti qu'elle appelle Tempête. Les magiciens ne sont pas censés s'intéresser aux humains, et s'entêtent d'abord à ignorer Jeanne, mais face à tant d'acharnement et de courage de la part de la jeune fille, ils ne pourront pas toujours rester de marbre.
« Je serai aussi maligne qu'Hermione Granger dans Harry Potter. Je serai aussi têtue que Katniss Everdeen dans Hunger Games. Je ne vais pas rester ici à pleurnicher, oh non! Il va voir un peu, cet ogre, à qui il a affaire! Je vais l'attraper par la peau du cou et l'obliger à me rendre ce qui m'appartient! »
Chemin faisant, la jeune héroïne délaissera toutefois une part de sa naïveté d'enfance pour trouver sa place dans un monde plus mature, mais encore bien magique pour qui veut y croire!
Merci aux éditions Castelmore pour le roman!
Sophielit est partenaire des Librairies indépendantes du Québec (LIQ). Cliquez ici pour plus d'informations sur ce partenariat.
Nouveau commentaire