Tortues à l'infini

 
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Sophie a aimé ce livre

Aza Holmes aimerait bien avoir une vie normale. Elle pourrait ainsi s’intéresser réellement à son amie Daisy, vivre son premier amour avec Davis, retrouver la trace du père de celui-ci, mystérieusement disparu avant son procès. Seulement, voilà, son angoisse prend trop souvent la forme d’une spirale dans laquelle elle est aspirée, complètement coupée du réel, persuadée qu’elle va mourir des suites des ravages de la bactérie du Clostridium difficile même si, rationnellement, elle sait bien que c’est impossible. Ou presque. Et cela rend tout le reste compliqué. Vraiment compliqué.

John Green signe ici son roman le plus personnel avec un récit qui fait écho à sa propre histoire puisqu’il vit lui-même avec un trouble anxieux. Il ne s’arrête toutefois pas à celui-ci et a construit une intrigue qui allie amitié, amour et enquête, le tout ponctué par des dialogues savoureux.

Mon avis

John Green était déjà un phénomène avant Nos étoiles contraires, mais depuis, c’est la folie. Tellement que le lancement de ce dernier roman a été planétaire, alors que la traduction française est sortie en même temps que la version originale (traduction qui a peut-être été faite un peu vite, d’ailleurs) et que les librairies devaient respecter une heure précise pour ouvrir les caisses… un peu comme Harry Potter. Et est-ce que cela en vaut la peine? Là est la question, à laquelle je ne sais pas répondre avec un oui ou un non définitif.

Contrairement à J.K. Rowling, John Green écrit des romans réalistes. S’il a été précurseur de ce qui a été depuis nommé la « sicklit » avec Nos étoiles contraires, Tortues à l’infini s’inscrit dans une vague déjà amorcée ; l’auteur américain ne vient donc pas tout révolutionner. En même temps, il faut bien admettre qu’il donne une couleur bien particulière à ses récits et que, dans la liste des romans sur les troubles anxieux, son dernier opus se retrouve en tête de file.

John Green sait en effet mettre en scène des personnages avec une « chair littéraire », une profondeur, des goûts, des passions, des rêves, des nuances, ce qui fait que le lecteur y croit complètement, que ses dialogues ne sont jamais vides, qu’on apprend autant qu’on se divertit. Et ce roman-ci ne fait pas exception.

Il y a d’abord Aza, avec son trouble anxieux à propos des bactéries, ses pensées invasives qui prennent rapidement le dessus, peu importe la situation, et qui sont vraiment bien expliquées (l’utilisation des italiques pour permettre aux lecteurs de comprendre le dialogue intérieur qui se joue est efficace et la rend d’autant plus touchante). Le lecteur plonge dans ses pensées et voit bien comment sa réalité doit être complexe, comment ses pensées prennent le dessus au quotidien. Il y a aussi la passion de Davis pour les étoiles (je vous mets au défi de lire le roman sans avoir envie d’aller passer une soirée à regarder le ciel dégagé), celle de Daisy pour Stars Wars, celle du père disparu pour le tuatara... et tout cela se mélange efficacement dans une intrigue davantage psychologique où chaque détail a son importance.

Par ailleurs, John Green ancre aussi son récit dans la réalité de ses lecteurs, avec les fanfictions de Daisy sur les amours de Chewbacca (on se dit d’ailleurs que ce serait chouette que ces histoires existent pour vrai tant elles semblent amusantes), l’usage des textos (je ne me fais pas au verbe textoter, par contre) et aux expositions d’art éphémères. On n’est pas dans l’hyperréalité (l’auteur évite le piège du name dropping), mais on sent que l’histoire pourrait se passer ici, maintenant. Et c’est ce qui la rend d’autant plus percutante.

En bref? Si John Green ne révolutionne pas le genre, il offre tout de même un roman d’une grande qualité, de ceux qu’on lit sans pouvoir s’arrêter et qui nous apprennent à regarder le monde d’une façon différente.

Merci à Gallimard pour le roman et à Pierre-Alexandre Bonin pour sa révision du billet!

Billet corrigé par Antidote 9 juste avant d'être publié par Sophie le 16 octobre 2017.

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