Un jour, la meilleure amie de Jorge, Éléonore, disparait. Elle ne vient plus à l’école, n’est pas dans la pension où elle était hébergée et les policiers enquêtent. Serait-elle retournée en Russie, là d’où elle vient? Avec qui? Des parents éloignés? Jorge est inquiet et il décide de suivre ses propres pistes. Mais surtout, en l’honneur de son amie, pour montrer qu’il ne l’oublie pas, il décide de ne plus prononcer la lettre « e » tant qu’il ne l’a pas retrouvée.
Rodrigo Muñoz Avia relève tout un défi avec ce roman qui est à la fois un hommage à Georges Perec (et une très belle façon de découvrir cet auteur qui aimait tant jouer avec les mots) et un récit d’aventures. Accessible, le récit peut rejoindre tous les lecteurs.
J’ai tenté d’écrire cette chronique sans utiliser de « e » et il m’a fallu me rendre à l’évidence : j’en suis incapable. Il me faut donc commencer par saluer le travail colossal de Rodrigo Muñoz Avia qui, dans sa version, a écrit les répliques de Jorge sans utiliser de « a », la lettre la plus utilisée en espagnol, et d’Anne Cohen Beucher, qui a fait la traduction en français.
Fan de Georges Perec, l’auteur a voulu lui rendre hommage avec ce récit, se limitant toutefois aux paroles de Jorge plutôt qu’au récit entier. La lecture reste donc plus naturelle et les phrases du personnage ressortent encore plus.
Encore fallait-il trouver un prétexte pour supprimer tous les « e » de la conversation, et la disparition d’une Éléanore couplée à un personnage qui s’appelle Jorge en référence à l’écrivain français en offre un excellent. Oui, l’intrigue est parfois tirée par les cheveux, avec ces policiers qui mènent l’enquête sans parvenir à faire des liens pourtant assez évidents et une finale un peu facile, mais on est dans un récit qui vise un public assez jeune, ce qui excuse un peu l’un et l’autre et c’est ici la langue qui est aussi importante que l’histoire… langue qui est admirable et évite le piège de la didactique : le livre plaira sans doute aux profs, mais il n’a pas été écrit directement pour la classe même si la maison d’édition a préparé tout un dossier pédagogique pour l’accompagner. Avant tout, c’est le plaisir qui transpire de ce roman espagnol!
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