Le plus grand frère de Doug est parti combattre au Vietnam. L’autre trouve mille et une façons de le ridiculiser. Son père passe ses accès de violence dans l’alcool et sur sa mère et lui. Cette dernière ne semble pas trouver de moyen de se sortir de cette situation. Et voilà que la famille déménage dans une petite ville perdue où le paternel retrouve un vieil ami avec qui faire les 400 coups. Doug a bien l’impression que ce sera la fin du monde. Mais c’était sans compter sa rencontre avec la fille de l’épicier ainsi que sa découverte des Oiseaux d’Amérique d’Audubon dans la bibliothèque de Marysville...
Jusqu’ici, tout va bien est un roman d’apprentissage qui traite des relations familiales difficiles, mais aussi d’amitié, d’entraide et de notre rapport à l’art. Plongeant le lecteur à la fin des années ’60, Gary D. Schmidt offre une intrigue riche portée par une langue relevée et s’adresse aux lecteurs assidus.
Oh, c’est vraiment un magnifique roman, avec plusieurs niveaux de lecture, des personnages intéressants, des détails posés ça et là qui révèlent leur importance du fil du temps… bref, un travail d’orfèvre qui ravira le lecteur attentif.
Doug n’est pas particulièrement sympathique au départ, crâneur, colérique, mais c’est qu’il reste des zones d’ombres. En effet, l’adolescent nous avertit bien au départ qu’il ne nous dira pas tout parce qu’il y a des choses « que [nous n’avons] pas besoin de savoir ». Interpellant le lecteur tout au long, le narrateur nous prend parfois en aparté pour ajouter un détail, remettre le contexte, accentuer une scène, ce qui rend l’expérience très chouette, encore plus quand on comprend que c’est en fait un adolescent sans repères et qu’on s’y attache définitivement.
Avec ce roman, Gary D. Schmidt propose un drame, avec la violence familiale, les difficultés financières, l’ainé qui revient de la guerre en ayant perdu l’usage de ses jambes, la maladie… mais il y a aussi énormément d’humour, si bien qu’on passe parfois du rire aux larmes d’une ligne à l’autre. Et même si tout cela aurait pu devenir un fouillis indescriptible (j’ai l’impression de ne même pas en raconter la moitié), tous ces thèmes se recoupent parfaitement, s’emboitant pour créer une œuvre forte, qui marque.
Seul bémol (oui, oui), comme pour la Guerre des mercredis, j’ai eu l’impression que l’auteur parlait plus à l’adulte en moi (d’ailleurs, ce roman aurait pu être publié en « littérature adulte » sans souci). Oui, le personnage principal est adolescent, mais de nombreux pans de son récit vont davantage aller chercher la sensibilité des adultes, notamment en ce qui a trait à la structure familiale.
Le petit plus? Doug est un copain de Holling Hoodhood, rencontré dans La guerre des mercredis. J’aime quand les auteurs tracent des liens entre leurs œuvres et qu’on peut recroiser certains des protagonistes dans d’autres récits, même le temps d’un clin d’œil (et la reine en la matière, c’est Susin Nielsen).
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