Quand Jozef est arrêté cette fois-là, il sent bien qu’il ne pourra pas s’en sortir comme d’habitude. Impression qui se confirme quand il voit son partenaire sortir de la salle d’interrogatoire, en pleurs. Celui qui est reconnu pour ne jamais parler l’aurait vendu? C’est ce que lui explique l’enquêteur quand il lui dit qu’il sera envoyé dans un centre fermé. Mais ça, c’est hors de question. Parce que Jozef a rendez-vous avec Amel quelques heures plus tard et qu’il a bien l’intention d’y être. Même si cela implique une suite de mauvaises décisions…
Marie Colot emmène ses lecteurs dans un Bruxelles sombre et cruel avec ce récit qui prend aux tripes. Écrit dans une langue crue, proche de celle de la rue, découpé en courts chapitres rythmés par l’heure qui passe, ce roman parle de délinquance et de malchance, mais aussi d’amour et de poésie.
J’aimais déjà bien Marie Colot, mais ce récit vient de faire passer mon intérêt pour son écriture à un autre niveau. Jusqu’ici tout va bien est un récit vraiment percutant pendant lequel on entre dans la tête d’une petite frappe, un gars qui n’a pas grand-chose dans la vie et qui va au bout de sa cavale par amour pour une fille. Et dans une suite de (vraiment) mauvaises décisions, il s’enfonce, mais il évolue aussi, il se dévoile, révélant le labyrinthe de ses pensées. Et si au début le lecteur peut le juger alors qu’il ne semble rien faire pour s’aider, on s’y attache au fil de ses aventures et on comprend mieux comment il est arrivé à cette vie. On admire même sa force. La puissance de son amour pour ceux qui l’entourent. Amel, oui, mais aussi Ludmilla, sa petite sœur.
« Je n’ai qu’un cœur et deux poumons. C’est trop peu quand on étouffe. »
C’est vingt-quatre heures dans la vie d’une âme écorchée, avec un rythme haletant où des perles de poésie sont égrenées. Moralisateur? Un peu peut-être. Mais ce n’est pas ce qui ressort. Le lecteur verra surtout les jeunes de la rue d’un autre œil. Parce qu’au fond, tout le monde se ressemble.
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