Billet rédigé par Jean-François Tremblay, enseignant.
Attention, en Europe, ce livre porte le titre de « Les marvels » et est publié chez Bayard jeunesse.
1re partie, 1766, en images : Le jeune Billy Marvel embarque clandestinement sur un baleinier américain. Pour se divertir, lui et les matelots, dont son frère, montent des pièces de théâtre. Un soir, alors qu'un orage frappe, le bateau fait naufrage et seuls l'adolescent et son chien survivent. Le garçon, dont l'histoire est désormais notoire, trouve refuge à Londres et est pris sous l'aile des dirigeants d'un nouveau théâtre. Quelques années plus tard, un bébé est abandonné au seuil de sa porte. Marcus Marvel devient ainsi son fils adoptif, et le premier de plusieurs générations d'illustres acteurs qui fouleront les planches du « Royal Theater » jusqu'à l'an 1900. Ceux-ci connaitront souvent la gloire et le succès, mais plusieurs tragédies viendront aussi entacher leur bonheur.
2e partie, 1990, en texte seulement : Tout commence par une fugue. Le jeune et désobéissant Joseph, qui n'a pas davantage trouvé sa place au pensionnat que dans sa riche famille qui semble l'y avoir abandonné, suit la voie de son meilleur ami Blink en fuyant sans avertissement son institution. C'est le coeur plein d'espoir, son sac rempli de livres, une montre cassée et un carte marquée d'une croix qu'il part à Londres tenter de retrouver son oncle inconnu, Albert. Malheureusement, celui-ci est loin d'être la figure parentale chaleureuse qu'il espérait. Joseph découvre plutôt un homme solitaire, vivant comme au XIXe siècle et recelant de secrets. Parmi ceux-ci, il y a tous ces objets et ces portraits anciens, liés au naufrage du Kraken et à la famille Marvel… Serait-ce sa famille?
La maison des merveilles est le troisième roman graphique d'ampleur de l'Américain Brian Selznick. Dans la lignée de Hugo Cabret et Après la foudre, l'auteur à succès utilise une quantité impressionnante de pages de dessins au fusain afin de proposer un volumineux roman initiatique autour de la famille. Cette œuvre grand public s'adresse à tout lecteur dès 10 ans.
Brian Selznick réussit encore à créer un monde totalement envoutant! À elles seules, les illustrations font de La maison des merveilles un véritable chef-d'œuvre. Il semblerait que celles-ci aient occupé l'auteur-illustrateur pour une année entière! Le lecteur peut y apprécier plus de 400 pages de dessins au fusain, dont les détails sont dignes d'un travail d'orfèvre. Fiévreusement, on se laisse embarquer dans cette tragédie familiale aux allures grandiloquentes. Et puis, au détour d'une page, après 134 ans d'histoire, tout s'arrête brusquement en 1900.
Heureusement pour le lecteur, le texte qui suit est tout aussi accrocheur. On tombe rapidement sous le charme du Joseph, qui, en 1990, tente de trouver sa place dans ce monde. On se pose mille et une questions avec lui, tout en essuyant frustration sur frustration devant la langue de bois de son oncle. Et ce qui met encore plus en haleine, c'est que ses questions d'ordre familial et sa vie au XXe siècle font étonnamment écho au précédent récit de la famille Marvel : Shakespeare, le médaillon-oiseau, le chien blanc itinérant, la voisine déguisée en garçon… Quelle histoire cache exactement oncle Albert sous sa tristesse nostalgique? Pourquoi refuse-t-il la main tendue que lui offre le présent, de par son neveu, qui, clairement, partage de nombreux points en commun avec lui? Avec ce nouveau format qui distingue ce troisième roman de ses prédécesseurs, où un bloc de texte suit un bloc d'images, on ne peut, encore une fois, qu'être émerveillé par ces deux récits qui s'emboitent magiquement!
« Aut Visum Aut Non », reprend incessamment le livre. « Ou bien on voit. Ou bien on ne voit pas. »
Au final, La maison des merveilles est une formidable histoire sur l'amour de la vie, sur ses instants de bonheur, mais aussi sur ses instants de malheur, dans laquelle le passé et le futur s'entrelacent. J'ai beaucoup aimé les nombreuses références subtiles de l'auteur sur le temps qui passe et l'importance du pardon pour avancer, entre autres via la montre cassée de Joseph, arrêtée à 11h16. « Même une montre cassée donne l'heure juste deux fois par jour », nous rappelle-t-il sagement.
L'auteur-illustrateur conclut son livre brillamment, tourné vers la promesse du bonheur que peut offrir le futur. Et pour faire plaisir à ses lecteurs, qui peuvent déjà regretter les premières pages, il conclut son récit avec des dessins..
Je vous laisse avec la bande-annonce du officielle livre, en anglais. Elle n'a vraiment rien d'aussi extraordinaire que le livre, mais pourra probablement éveiller votre curiosité.
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Bonjour,
Un très beau livre!
Attention, petite rectification, en Europe ce livre est appelé "Les Marvels".Alors que "Le musée des Merveilles" est quant à lui une réedition de Black out, un autre livre de Selznick =D