Eliza et ses monstres

Invisible à l’école, effacée dans sa famille. Véritable star sur Internet. Voilà ce qu’est Eliza Mirks, jeune fille timide dans la vie réelle qui a pourtant construit un empire en publiant chaque semaine ses planches de bandes dessinées autour de l’univers de la Mer Infernale et qui n’a des amis que via son téléphone. Jusqu’au jour où arrive Wallace dans son école, adolescent muet, mystérieux… et fan de la Mer Intérieure. Et comme Eliza, surprise, ne lui révèle pas qu’elle est Lady Constellation dès le départ, les mensonges s’accumulent. Jusqu’à devenir une montagne. Insurmontable.

Francesca Zappia parle de la réalité de plusieurs adolescents avec ce récit qui se déroule entre réel et virtuel, alors que les murs entre les deux deviennent de plus en plus fins. Abordant aussi la difficile compréhension entre les générations, l’amitié et l’amour, elle tisse un récit qui s’adresse aux lecteurs intermédiaires et avancés.

Mon avis

J’ai beaucoup pensé à Silence Radio pendant la lecture de ce roman parce qu’on y trouve les mêmes thèmes : la dernière année avant l’université, la pression parentale, l’évasion dans un monde créé sur Internet, mais gardé secret… jusqu’au dévoilement, malhabile, et le choc entre virtuel et réel.

Mais il y a aussi une saveur toute particulière avec ce roman. Il faut dire que Fracesca Zappia a un talent pour parler des émotions, souvent contradictoires, de l’adolescence, et mettre en scène des personnages à multiples facettes, dont certaines inattendues. Eliza et Wallace forment sur ce plan un duo vraiment intéressant. Elle, d’abord déconnectée de la vie « réelle », passant son temps à tracer les croquis des prochaines planches, à peine présente, puis ayant de la difficulté à concilier le tout quand Wallace arrive et lui prend du temps. La pression des fans… celle qu’elle se met aussi. Comment ne pas décevoir les attentes? Et il y a lui, muet au départ, incapable de parler autrement que par écrit, puis qui se révèle peu à peu.

Un récit tout en psychologie, doux et à la fois intense par moment. Tout à fait ancré dans le monde d’aujourd’hui.  

Merci aux éditions Robert Laffont pour le roman et à Pierre-Alexandre Bonin pour sa relecture attentive du billet!