Début du 20e siècle. À Québec s’amorce la construction d’un pont de type Candilever, le plus long pont de ce type au monde, par la compagnie Phoenix Bridge. Et le constructeur l’a promis pour le 300e anniversaire de la ville de Québec. Mais voilà, de telles contraintes impliquent des risques, énormes, pour les ouvriers. Et quand l’architecte ne fait pas ses devoirs et que le maitre du chantier donne plus d’importance au respect des dates que des travailleurs, les catastrophes surviennent. Léo Hardy, lui, pense même qu’une autre force maléfique est au jeu…
Entrainant les lecteurs à la découverte des conditions de construction de la vieille structure du Pont de Québec, Daniel Mativat aborde les thèmes des classes sociales, du rapport aux autochtones et de la famille dans ce récit qui joue aussi un peu avec le fantastique. Court et découpé en parties pour revenir sur les événements marquants (et dramatiques) de la construction, ce roman convient à tous les lecteurs.
On est ici dans du Daniel Mativat pur, et tous ceux qui ont déjà lu cet auteur reconnaitront ses thèmes fétiches : un moment historique important du Québec, les croyances et légendes québécoises liées à deux événements catastrophiques qui ont fait entrer le pont dans la légende, un personnage mystérieux, dangereux, qui pourrait bien être le Diable. Si le récit est centré sur la construction du pont, on découvre aussi tout au long la culture de l’époque : l’omniprésence de l’Église, les différences entre les Anglais et les Français (les premiers étant dépeints sans nuances, toutefois), le rapport entre les francophones et les autochtones, etc.
Le fil conducteur est Léo. Le jeune voit d’abord son père mourir dans les piliers qu’il creuse sous l’eau, puis prendra sa place comme « cochon de sable » avant d’être amené dans les airs, travaillant comme skywalker, sous la supervision de Big John, l’autochtone que sa famille héberge et avec qui il noue un lien quasi filial. Le récit est parsemé de détails intéressants, comme lorsque Big John explique qu’il a beau être un authentique Mohawk du clan du loup, ce n’est pas tant qu’il n’a pas le vertige qu’il a décidé de ne pa laisser la peur gagner, et est rythmé par les catastrophes. La note fantastique est parfois un peu trop grosse, mais tout à fait crédible pour l’époque, avec l’ombre de l’Église et de ses croyances, et cela n’entache pas le récit, qui comble à la fois un besoin de divertissement et de mémoire.
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