Maudit cash

Depuis que son père est mort, la vie de Liana a bien changé. Elle a dû quitter la grande maison pour un petit appartement et tout son temps libre est passé à s’occuper de son frère et sa sœur alors que sa mère essaie tant bien que mal de gagner sa vie malgré une dépression. Les dépenses s’accumulent toutefois et Liana a de plus en plus de difficulté à tenir le budget familial. Alors comment peut-elle penser à ses études et à sa relation avec Étienne, qu’elle n’a pas pu contacter de l’été, sans Internet à la maison et sans cellulaire? Comment lui peut-il s’intéresser à elle si elle ne peut jamais aller au cinéma ou au restaurant, faute de temps, mais aussi d’argent?

Nadia Bellehumeur fait découvrir la réalité des gens en difficultés financières avec ce récit qui aborde par ailleurs les thèmes de la famille et de l’amour. Écrit dans une langue accessible et pas très long, il convient à tous les lecteurs.

Mon avis

Ce qui m’a frappée à la lecture de ce roman, c’est qu’il est rare en littérature jeunesse qu’on parle de familles pauvres. Oui, il y a bien des récits sur les réfugiés, quelques-uns sur des sans-abris, mais peu sur des familles qui n’arrivent plus à garder la tête hors de l’eau devant les factures qui tombent. Et Nadia Bellehumeur rend très bien cette réalité. C’est dit explicitement, mais c’est aussi véhiculé par les émotions. Au fil des pages, le lecteur découvre le désarroi de Liana qui ne veut pas que sa mère s’inquiète davantage puisqu’elle est déjà fragilisée par le deuil, mais qui a aussi fait ses calculs et sait qu’elle ne pourra pas payer tous les frais de début d’année, ne sera pas en mesure d’offrir de cadeaux à Noël aux plus jeunes et a le cœur brisé quand ceux-ci lui confient que ce n’est pas grave parce qu’ils ont fait une liste pour le père Noël… Une adolescente, oui, mais aussi une adulte avant l’heure.

S’échelonnant sur une année complète, le récit ne peut que susciter l’empathie. Si certains lecteurs peuvent se reconnaitre dans ce qui est dépeint, d’autres s’ouvriront les yeux sur cette réalité et auront peut-être plus envie de participer à des actions citoyennes, comme les paniers de Noël ou les centres de dons, sans lesquels certaines familles ne pourraient pas subvenir à certains de leurs besoins les plus primaires.

Le récit n'est pas exempt de défauts (la langue aurait parfois pu être plus travaillée pour éviter les répétitions, par exemple), mais il n’en reste pas moins important. Une diversité bienvenue.