Bluebell, 16 ans. Obèse selon son médecin, tout à fait correcte selon elle. Mais voilà, il faudrait qu’elle perde du poids pour contrer son asthme et elle est obligée de tenir un journal alimentaire pour noter tout ce qu’elle engloutit et en profite pour y déverser ses états d’âme. Parce qu’il y a d’abord l’école qu’elle voudrait bien pouvoir abandonner, incapable de trouver sa motivation, son boulot au Planet Coffee où elle lorgne la place de la gérante (même si elle n’a pas signé son contrat d’apprentissage) et puis ce garçon qui lui fait de l’effet… Et elle note donc tout, sans demi-mesure, même quand le drame s’invite dans sa vie.
« J’ai appris que les gens, en secret, aiment bien ça quand certaines personnes ne s’aiment pas, parce que ça leur donne du pouvoir. C’est une preuve de faiblesse. Et je n’ai pas l’intention d’être ce genre de personne. JAMAIS. Sinon, en me comportant ainsi, la seule que je n’aimerais pas, ce serait moi. Mais pour le moment, j’ai vraiment du mal à m’aimer. Et ça ne me ressemble pas. Et ça me fait de la peine. »
Avec ce roman qui aborde sans détour le thème du poids et parle d’acceptation de poids, de grossophobie et de nourriture, mais aussi d’amitié, de famille et d’amour, Laura Dockrill s’adresse à tous ceux qui ont des complexes ou encore portent des jugements sur les autres. Ouverture d’esprit obligatoire!
« Avant qu’on devienne amis ou quoi que ce soit de ce genre, vous devez savoir que mon corps je l’accepte à fond. C’est le mien. Et je vis à l’intérieur. Et je prends soin de lui. »
La prémisse est sympathique : un journal alimentaire où chaque aliment est le prétexte à un extrait du quotidien de Bluebell. Le personnage principal est aussi fort : on aime notamment comment elle ne fait pas que dire qu’elle s’accepte, elle le vit (du moins la plupart du temps). Et c’est remarquable, parce qu’en tant que lecteur on est aussi témoin de toutes ces petites remarques acerbes qu’elle se prend au quotidien (et on se demande parfois comment elle fait pour tenir sans devenir violente).
Mais Bluebell est aussi particulièrement intense : c’est l’adolescence, mais aussi sa personnalité qui ne supporte pas la demi-mesure. Ça lui donne de la force, oui, mais c’est parfois un peu lassant pour le lecteur, surtout que toute la première partie n’offre pas grand-chose à se mettre sous la main excepté le récit de son quotidien.
En fait, pendant tout un moment je me demandais où on s’en allait avec ce roman qui offre bien une forte dose d’optimisme, mais auquel il manquait un petit quelque chose. Et puis arrive un drame et l’ambiance change. On comprend pourquoi Bluebell a besoin de toute cette force et mon intérêt qui déclinait est revenu. Surtout, on voit ce qui se passe derrière la BB crâneuse et on gagne en maturité, en profondeur. Exit l’ado un peu trop frondeuse qui m’énervait et bonjour à la Bluebell 2.0, qui sait pourquoi elle s’affirme. La fin a donc racheté le début qui était sympathique, mais sans plus pour moi!
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