Attention, ce livre est le deuxième de la série. Ne gâchez pas votre plaisir et commencez par le premier, l'excellent Le boulevard.
Chris a beau être « en retard », il se débrouille pas mal bien depuis que sa mère est partie. Deux années ont passé, la vie a changé. Le Marcado a fermé ses portes, Chloé s’est mise à grossir, son père est revenu dans sa vie et son ancien enseignant lui a demandé de venir parler de son travail de concierge à l’école. Chris n’aime pas le changement, mais il compose avec cette réalité comme il le peut, avec son regard bien à lui.
Encore écrit au « tu » parce que Chris continue de parler à sa mère, avec des phrases courtes qui nous entrainent dans l’esprit de Chris, Au carrefour est un récit du quotidien entrecoupé de souvenirs qui parle de déficience intellectuelle, de famille, d’entraide et de deuxième chance.
C’est la vie qui change qui est au cœur de ce récit. La « famille » qui entoure Chris est toujours présente, mais le temps passe et rien n’est figé. Joe a repris contact avec son propre fils, Chloé est enceinte, Madame Sylvester a de nouveaux projets, le père de Chris lui propose un voyage aux États-Unis, le jeune homme rencontre aussi Benjamin, un « en retard » comme lui, qui pourrait devenir son helper, mais le remet aussi en question. À sa hauteur, Chris nous raconte tout ça et plus encore, toujours avec la même voix sans filtre.
« Faut croire que ça va bien ensemble, la danse pis l’amour, même si des fois, les filles tombent enceintes pis qu’elles sont obligées d’accoucher. Ça peut faire mal, l’amour. »
C’est donc à son regard brut que nous avons droit, à sa façon de trouver que les filles sont plus belles quand elles sont moins habillées, à sa jalousie parfois devant Benjamin, à sa compréhension bien à lui des petites choses de la vie. Et au fil des pensées de son personnage, Jean-François Sénéchal fait surgir la poésie. Dans sa façon de décrire, dans tout le rapport à la liberté qui fait office de fil conducteur dans le récit, l’auteur tisse une toile magnifique, à la fois touchante et percutante.
Encore ici, il n’y a pas de frontières pour les lecteurs de ce roman. C’est un récit qui (re)donne foi en l’humanité et qui offre une pause bienvenue parmi toutes les dystopies qui nous promettent des avenirs plus sombres, qui mettent en scène des gens aux intentions mauvaises, à l’esprit tordu. Ici, même Luc « Lucky » Boutin a droit à une deuxième chance... c’est dire!
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