Écoutez Jean-François Sénéchal en lire un extrait :
Le matin de ses dix-huit ans, Chris se réveille dans un appartement tout propre et curieusement vide. Il pense d’abord que sa mère est partie au travail, qu’elle est allée faire des courses, qu’elle a voulu lui faire une surprise. Mais le déficient intellectuel doit se rendre à l’évidence : sa mère est tout simplement partie, sans lui, et ne reviendra peut-être pas. Sans doute qu’elle trouvait la charge trop lourde, pense-t-il. C’est vrai que Chris n’a jamais été aussi intelligent qu’elle l’aurait souhaité et qu’il en a fait, des bêtises. Obligé de se débrouiller seul, Chris pourra heureusement compter sur un entourage attentif et sur le boulevard, rassurant, avec ses magasins, son Marcado, ses habitudes. Au fil des mois, il acceptera son handicap et comprendra qu’il peut être vraiment heureux quand même…
Raconté au « tu » puisque Chris s’adresse à sa mère, Le Boulevard est un roman touchant qui parle de déficience intellectuelle, mais aussi de pauvreté, d’entraide, d’espoir. Il convient aux lecteurs intermédiaires et avancés.
Lire Le boulevard, c’est entrer dans la tête de Chris, dans son esprit d’enfant qui comprend bien des choses, mais pas tout, qui colore la réalité d’un voile de naïveté. Jean-François Sénéchal nous guide dans cet univers du « boulevard » jamais nommé, mais qu’on reconnait comme Taschereau, sur la Rive-Sud de Montréal, avec sa faune particulière, son Marcado qui devient le refuge de Chris. Au fil des pages, on découvre des personnages marqués par la vie, des êtres qui ont des failles, mais s’entraident malgré tout, formant peu à peu une famille autour de celui qui a été abandonné par sa mère, incapable de trouver son propre bonheur. Chris créera le sien, lui, à force d’y croire, d’oser, de s’accepter.
C’est une lecture très touchante, classée en jeunesse, mais qui vise un public mature et pourra rejoindre les lecteurs adultes. D’ailleurs, si l’histoire est percutante, l’écriture est aussi très forte. Jean-François Sénéchal nous avait habitués à une grande qualité dans Le cri de Léa et Feu et, bien que rédigé dans une langue plus simple, ce récit est aussi d’une remarquable poésie en plus d’être écrit à la hauteur du personnage. Ce « tu » crée un lien fort entre le lecteur et le narrateur et forme une barrière contre tout jugement. On a plutôt envie de prendre Chris par la main à notre tour, d’aller se promener dans la boutique de Chloé, de rencontrer Joe, de dire à madame Sylvester tout le bien qu’elle fait autour d’elle. Comme si le récit, au fil des pages, s’ancrait complètement dans cette réalité que l’auteur a choisi de ne jamais nommer. Chapeau!
Bande-annonce du roman Le boulevard, de Jean-François Sénéchal. from Projet Goliath on Vimeo.
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