La première fois que Lucas a vu une séquence porno en ligne, c’était par erreur. Mais depuis, il en regardé beaucoup. En fait, il y passe tous ses temps libres en journées, toutes ses nuits, incapable de se satisfaire, de retrouver le frisson initial, sautant d’une image à une autre. Isolé, passant pour un geek. Jusqu’à ce que son téléphone et son ordinateur, infestés de virus, sautent. Que son père les fasse réparer par un collègue et découvre sa vie secrète. Et qu’il s’enfonce encore plus profondément dans l’enfer.
Avec POV, Patrick Bard s’attaque à un sujet peu abordé en littérature jeunesse et pourtant tout à fait d’actualité : la dépendance à la cybersexualité. Il parle aussi d’addictions en général, de famille et de résilience dans ce récit en plusieurs parties qui s’adresse à un public avisé de 15 ans et plus.
La pornographie est rarement abordée en littérature jeunesse alors que les adolescents sont nombreux à tomber sur des images par hasard sur Internet, comme Lucas, puis à développer une fascination pour le sujet. À l’heure où il est question de remettre les cours de sexualité à l’horaire au Québec, mais où rien n’est encore décidé, trop de jeunes croient que ce qu’ils voient en ligne est la réalité. À travers le parcours extrême de Lucas, l’auteur pose les bonnes questions, met en évidence la relation biaisée à la sexualité de celui qui n’en connait que des films créés pour exciter, où les préliminaires ne semblent pas nécessaires et où les filles ont peu de besoins, d’envies, de barrières.
On tombe parfois un tout petit peu dans le pédagogique, notamment durant les séances chez la psy où l’auteur flirte avec le documentaire, mais POV a la force de la fiction : il met en scène un adolescent auquel on croit et auquel le lecteur peut s’identifier, le suivant dans sa peur de se faire prendre, dans son incapacité à mettre fin de lui-même à son comportement, dans sa détresse. C’est brutal par moment, mais crédible. Et percutant. Un livre nécessaire, difficile à conseiller, j’en conviens, mais du genre à laisser trainer. Parce que Lucas n’est pas seul dans son cas…
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