1 h 00. C’est le temps qui se déroule entre le début du confinement et l’attaque finale de ce tireur qui est terriblement réel.
1 h 00 pendant laquelle cinq adolescents se retrouvent pris dans une toilette pour hommes. Alice, la « bolée », celle qui ne parle à personne et semble porter tout le poids du monde sur ses épaules. Noah, son frère autiste, inconscient (du moins le semble-t-il) de ce qui l’entoure vraiment. Hogan, colosse, ancien joueur de football qui a mal tourné depuis que son frère est mort, deux ans auparavant (et on chuchote qu’il en est responsable). Isa, présidente du comité des élèves, présidente du comité du bal, une adolescente sur le bord du gouffre même si le vernis dont elle se pare n’en laisse rien paraitre. Alex, geek rejeté qui se promène partout avec le Tank, son appareil photo, pour capturer sur pellicule tout ce que les autres refusent de voir.
1 h 00 au bout de laquelle tout risque d’exploser.
Le compte à rebours est commencé. Attention, ceci n’est pas un exercice.
Caroline Pignat, autrice canadienne, propose un roman costaud avec ce Tireur ! Ceci n’est pas un exercice, le livre faisant plus de quatre-cent-cinquante pages. Si le début est plus lent, l’intrigue étant toutefois rythmée par les changements de points de vue, la deuxième partie propose de nombreux rebondissements. Pour grands lecteurs de treize ans et plus.
Il y a eu plusieurs phases dans ma lecture. D’abord, j’avais beaucoup d’attentes étant donné le résumé accrocheur. Et l’entrée en scène des différents élèves (Alice qui croit être tombée dans le trou menant au pays des merveilles quand elle se réveille avec une immense peluche de lapin au-dessus d’elle) est réussie. Toutefois, les deux cents premières pages sont plus lentes. Les différentes personnalités se dévoilent dans un huis clos, mais l’angoisse ne se ressent pas, malgré les quelques coups de feu, sauf lors de la sortie d’Alice pour aller chercher son frère. Et si on s’aperçoit que chacun des personnages est complexe, on a aussi l’impression que l’autrice a trop voulu parler de tout – autisme, automutilation, différence, agressivité. Par moment, on tombe même dans la didactique.
Mais quand on arrive à 25 minutes dans le décompte, tout change. Il y a un retournement de situation particulièrement bien trouvé et les éléments dévoilés précédemment (et qui semblaient un peu éparpillés) prennent un autre sens. On comprend aussi que le tueur n’est pas là par hasard, sur un coup de tête, qu’il a un plan plus dangereux que prévu. La tension augmente alors d’un coup et le suspens dure jusqu’à la fin. Ce roman mérite donc qu’on persiste malgré le début plus difficile (on aurait pu couper un peu, le personnage d’Isabelle entre autres, n’est pas hyper cohérent et apporte peu à l’ensemble du récit).
Mon questionnement : la traduction de Rachel Martinez est efficace, mais est-ce qu’on dit vraiment « omd » plutôt que « omg »? Ça m’a perturbée…
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