Salle d’interrogatoire, poste de police. Vic et Mad s’y sont présentés avec Baz, ce dernier étant accusé de meurtre. Ils ont été séparés et chacun d’eux fait face à un inspecteur bien déterminé à leur faire avouer ce qu’il s’est passé. Mais eux sont surtout là pour gagner du temps. Et pour y arriver, ils raconteront à tour de rôle les huit jours qui ont précédé.
Malgré ses allures de thriller, ce roman est d’abord et avant tout psychologique. C’est l’histoire de Vic, qui part de chez lui avec l’urne contenant les cendres de son père, incapable de se résoudre à partager sa vie avec Frank, le nouveau petit copain de sa mère et ses fils. C’est l’histoire d’une bande qui a vécu des coups durs et a décidé de s’entraider, envers et contre tous. C’est l’histoire d’une quête, d’un deuil, d’un coup de foudre aussi. Pour grands lecteurs de 14 ans et plus.
Je me suis fait avoir par la couverture, rouge, vive, et le titre. « Libres et affamés ». J’attendais un récit rempli de vie, de rebondissements, de cris, de rires… mais ce n’est pas ça. On est ici dans quelque chose de beaucoup plus lent, plus intime, si bien qu’il m’a fallu un moment pour m’y habituer. Les cent premières pages sont en plus assez peu claires, on ne comprend pas trop où le narrateur s’en va. Il y a l’histoire de Vic, qui souffre du rare syndrome de Moebius et est donc atteint d’une paralysie faciale. Il y a le clan de Baz, les Kids of Appetite, avec Mad, celle qui fait tout de suite fondre le cœur de Vic, mais aussi Zuz, qui parle seulement en claquant des doigts et Coco, jeune fille de 10 ans qui n’a pas la langue dans sa poche.
« Ces jeunes étaient une bande d'oies. Ils étaient des pièces de puzzle, un coffre rempli à ras bord, organisés avec autant d'improbabilité que leurs étagères improbables dans leur habitat improbable... »
Il y a aussi les Chapitres, la quête de Vic pour aller déposer les cendres de son père à cinq endroits significatifs et, toujours, le rappel de la salle d’interrogatoire qui vient rythmer les confidences. C’est donc un livre très particulier, mais David Arnold sait bâtir une histoire et il tisse lentement une toile en distillant des indices, en créant des liens entre les personnages, en les rendant tous profondément sympathiques. Au bout d’un moment, j’étais moi-même dans cette salle d’interrogatoire, cherchant à gagner du temps. Parce qu’il était hors de question que Baz se fasse accuser, d’abord, ensuite parce que j’avais envie d’en savoir encore plus sur l’histoire de Vic et sur celles de la bande de Baz et leurs écorchures. Parce que ce clan tissé serré n’a pas eu la vie facile… et que la réalité finit toujours par nous rattraper.
En bref ? Un récit intimiste, psychologique, qui parle de vie et de rires, oui, mais aussi d’une multitude de sujets beaucoup plus difficiles. Tout à fait dans la lignée de Mosquitoland, précédent roman de l’auteur.
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