Mary Iris Malone ne va pas bien. Il y a d’abord eu la séparation de ses parents, le départ de sa mère, le déménagement, l’arrivée de la belle-mère et le « scoop » qu’elle ne veut même pas évoquer, mais quand elle apprend qu’en plus sa mère est gravement malade, c’est la goutte qui fait déborder le vase. Convoquée par la direction de son école, celle qui se surnomme elle-même Mim décide plutôt de prendre le large et embarque dans un bus qui l’amènera de Mosquitoland à Cleveland afin de pouvoir passer le Labor day avec sa mère. Un voyage qui ne sera pas de tout repos (selon son père, Mim n’a d’ailleurs pas toute sa tête) vers une destination au final plutôt incertaine…
Tout à fait dans l’esprit d’un « road-movie », ce roman initiatique de David Arnold aborde les thèmes de la famille reconstituée, de la maladie mentale, de fuite et d’entraide. Ponctué par les lettres que Mim écrit à Iz pour donner son point de vue sur ce qui lui arrive et rythmé par de nombreux rebondissements, ce roman fort touchant s’adresse aux lecteurs intermédiaires et avancés.
Lire ce roman en voyage, c’était une belle idée. D’abord parce qu’il y a cette notion de road-trip très présente, le livre étant d’ailleurs séparé par les étapes du voyage et les kilomètres restant avant Cleveland, ensuite parce que l’histoire est vraiment réussie. David Arnold a mis en scène un florilège de personnages nuancés, fragiles, à commencer par Mary Iris, une adolescente que son père croit schizophrène parce qu’elle faisait des voix quand elle jouait au marché, petite, et qu’il y a des antécédents dans la famille. Incertaine elle-même de son propre état d’esprit (et de la pertinence de sa prise de médicaments), Mim a un regard coloré sur la vie et on ne s’ennuie jamais à ses côtés, d’autant que sa route est ponctuée de rebondissements, de l’accident d’autobus au pervers des toilettes en passant par des rencontres diverses. Au fil de la route, elle se liera d’amitié avec deux garçons et ce trio principal est tout de suite attachant. On les aime instantanément et on aimerait croire qu’ils peuvent passer à travers tout. Mais il y a aussi la vie réelle, et rien n’est simple, surtout quand l’auteur décide de ne pas prendre ses personnages pour des enfants, mais bien de parler aussi du côté sombre des choses.
Il signe ici un roman très touchant, une œuvre qui s’inscrit dans la lignée de ceux qui abordent la maladie mentale, mais avec un côté décalé bienvenu, une réflexion aussi sur le poids de l’héritage. C’est beau et ça risque de vous faire pleurer. Vous êtes avertis!
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