Rimbolt a quinze ans, bientôt seize. Il vit à Leeton, une petite enclave dans un pays totalitaire où le président n’hésite pas à tuer pour assurer son pouvoir. Surtout, Rimbolt fait partie d’une branche spéciale des services secrets. Et il est chargé de la « mission » Kaplan, un espion venu en mission-suicide du Cushinberg pour tuer le chef de Leeton. Rimbolt a un scénario à suivre et il est tout à fait conscient qu’il est très doué dans son domaine. Mais il ne sait pas tout…
Sébastien Gendron propose un thriller complexe qui joue sur les apparences et les mensonges tout au long du récit tout en entrainant son lecteur dans un récit futuriste où la dictature n’a pas de limites. Bien qu’assez court et raconté par un narrateur adolescent qui a une langue accessible, il s’adresse aux lecteurs intermédiaires et avancés.
Ouf. On est ici dans un thriller vraiment prenant avec de nombreux retournements de situation, mais ce n’est clairement pas une lecture légère. L’intrigue est en effet assez complexe et il faut rester concentré pour ne pas perdre le fil en cours de route, ou encore rater un indice qui pourrait nous aider. Le contexte est riche : deux sociétés (l’une beaucoup plus imposante que l’autre) qui essaient toutes les deux de manipuler l’autre (mais aussi ses propres citoyens), un dictateur fou, deux agents persuadés qu’ils travaillent pour la meilleure organisation… mais qui se retrouvent pris dans le jeu de l’autre. Kaplan semble froid et sans émotion, Rimbold a une histoire familiale complexe. C’est d’ailleurs chez lui qu’il ramène l’agent ennemi, lui prêtant les vêtements de son frère disparu.
Ce double jeu est la grande force du roman, mais le choix de la narration est… discutable. On est dans la tête de Rimbold, mais il est à la fois énervant (se vantant souvent de ses capacités et de sa place dans l’organisation) et omniscient, c’est-à-dire qu’il raconte ce que pense Kaplan (en y ajoutant ses propres pensées) parce qu’il le décode… ce qui n’est pas très crédible. Un narrateur témoin ou alors des points de vue en alternance auraient pu davantage servir le récit. N’empêche, c’est une lecture remplie d’action qui m’a bien divertie, de la première à la dernière page.
Le petit plus? Leeton est une ville d’artistes, les noms de rues font référence à des auteurs, Salinger, Orwell (le narrateur s’appelle Rimbold aussi (même si c’est une référence seulement phonétique)…), une grande place est faite à la description des œuvres d’art et à la musique et Kaplan va aussi perdre pied en entendant une mélodie, victime du syndrome de Stendhal. Bien trouvé!
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