1947. Au Québec, pour encourager la colonisation de l’Abitibi, le gouvernement instaure des communautés coopératives. C’est ainsi que Marcel Desharnais s’établit à Guyenne. Pour y couper du bois, oui, mais aussi avec le rêve d’y fonder une famille et d’y vivre de sa terre. Pour lui, donner 50 % de son salaire à la communauté est normal, il n’a pas peur de ce système qui rappelle le communisme parce qu’il est conscient que c’est la force du groupe qui est importante. Rapidement marié à Antoinette, une femme qui veut aussi faire sa place dans la communauté (et offrir une voix aux femmes), père de nombreux enfants, Marcel voit le rêve changer au fil du temps, ses concitoyens davantage attirés par le gain personnel que par l’esprit initial…
Avec cette bande dessinée, Francis Desharnais signe un récit tant personnel qu’historique, abordant la vie d’un homme porté par des idéaux, mais aussi la réalité d’une époque, tout en faisant une belle place aux femmes dans son histoire. Complété par une postface signée par un historien, ce livre est un moyen efficace de découvrir un pan de l’histoire du Québec souvent méconnu.
Des communautés « communistes » au Québec? Je n’en avais jamais entendu parler avant de découvrir ce fantastique récit de Francis Desharnais, qui est aux commandes du scénario et des illustrations de Petite Russie. L’auteur s’est inspiré de l’histoire de son grand-père pour construire son récit et l’a peuplé de personnages qui ne se retrouvent pas dans les livres historiques, mais qui ont pourtant fait l’histoire, notamment des femmes fortes qui ont osé s’affirmer alors qu’elles avaient si peu de prises sur leur propre vie et quasi aucune sur celle de leur société.
En fait, le récit offert dans Petite Russie a plusieurs niveaux : le microcosme de la famille de Marcel et Antoinette, la réalité du village et de son système de coopérative et le contexte plus large du Québec des années 40-60. On y découvre l’influence de l’Église, la réalité difficile des colons, l’absence des femmes dans les prises de décisions, le tout à travers l’histoire intime de Marcel et d’Antoinette. S’échelonnant sur vingt ans, la bande dessinée se termine sur des images percutantes de la forêt abitibienne, un moment doux qui laisse l’histoire s’inscrire dans nos esprits. Une minute de silence à la mémoire de ceux qui ont osé, qui ont défriché, qui se sont battu pour ce en quoi ils croyaient et pour les leurs.
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