C’est l’histoire de Lilia et Mehdi, qui ont grandi dans les paysages ocres et rouges de l’Atlas, au Maroc. Ayant perdu leur père alors qu’ils étaient très jeunes, ils sont élevés par une mère forte, avant-gardiste, et reçoivent chaque année la visite d’un ami français. Mais à leurs 14 ans, alors que les hommes barbus se font de plus en plus nombreux dans la région et qu’un nouvel imam fait son apparition au village, leur mère perd son travail et les jumeaux sont envoyés vivre chez leur oncle, un homme qui a juré de se venger de sa sœur. C’est ainsi que commence leur cauchemar. Et si Lilia ne rêve que de revenir à Dadès, retrouver ses paysages et sa mère, Mehdi, lui, veut à tout prix traverser le détroit de Gibraltar pour rejoindre l’Europe et la vie qu’elle lui promet. Peu importe les risques.
Ingrid Thobois aborde la difficile réalité des jeunes Marocains et l’attrait que représente pour plusieurs la vie en Europe dans ce roman qui se distingue par la poésie de son écriture, notamment dans ses descriptions. Assez lent, il convient aux lecteurs intermédiaires.
Un récit tout en douceur, qui réussit à bien montrer la beauté de certaines contrées marocaines, mais aussi les changements qui s’y opèrent. Ingrid Thobois a réussi à faire passer toute la légèreté de l’enfance, toute la complicité qui unit les jumeaux à leur mère et aux amis de la famille dans les premiers chapitres, même à Éric, ce Français qui ne vient passer que quinze jours chaque année, si bien que le changement de situation est d’autant plus percutant. C’est d’abord l’attitude de Mehdi qui change, parce que le garçon sent tout le gouffre entre sa vie et celle d’Éric, tout ce qu’il n’a pas. Puis les changements se font dans le village, alors qu’on sent la montée de l’intégrisme et que le comportement très moderne de la mère des jumeaux déplait. Et alors, tout bascule. Si la partie médiane semble un peu moins nuancée, la dernière, à Tanger, est particulièrement forte. À travers le récit de Lilia et Mehdi, c’est le destin partagé d’une ville qui a vue sur la mer, mais plein de barrières, qui se dévoile. Et alors que le frère se ligue à des petites frappes en essayant de survivre jusqu’à ce qu’il trouve le moyen de « passer », Lilia rencontre des gens qui vont l’aider, qui se construisent une vie au Maroc. Un récit qui fait réfléchir, où l’on sent la recherche et le souci du détail.
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