Dans l’Alabama des années 50, les lois Jim Crow prévoient que les noirs soient séparés des blancs. Partout. Comme dans le bus, où les noirs doivent monter à l’avant pour acheter leur billet, puis ressortir et monter derrière (« Sauf si le chauffeur démarre avant que vous soyez montés »), dans leur section. Section qu’ils doivent toutefois céder si un Blanc n’a plus de place pour s’assoir à l’avant. Un jour, une femme refuse de céder son siège, malgré la demande répétée du chauffeur. Ce dernier fait appel à des policiers et la femme est arrêtée. Rosa Parks, vous croyez ? Non, Claudette Colvin. Elle a quinze ans, l’âme d’une militante et est prête à se battre.
Émilie Plateau lève le voile sur un pan de l’Histoire bien caché avec cette bande dessinée historique qui parle de racisme, mais aussi de sexisme et de ces détails historiques qui sont si souvent oubliés. Longue, mais écrite dans une langue accessible et sans complexité particulière, la bande dessinée convient à tous les lecteurs.
C’est d’abord la curiosité qui m’a attirée vers cette bande dessinée. Claudette Colvin ? Qui est-elle ? Puis j’ai été emballée par le début du récit, dans lequel l’autrice prend le lecteur par la main et l’entraine à Montgomery. « Prenez une grande inspiration. Quittez le lieu qui est le vôtre […] Vous quittez la côte pour entrer dans les terres. Vous roulez vers l’Ouest. Vous voici à Montgomery. Désormais, vous êtes noir. » Finalement, j’ai été vraiment surprise de découvrir l’histoire de cette femme oubliée de l’histoire parce qu’elle n’était pas assez lisse (elle a mis au monde un enfant métis suite à une agression, à seize ans) pour les dirigeants de la NAACP (National Association for the Advancement of Colored People), qui attendaient pourtant une affaire semblable pour défier les lois ségrégationnistes devant la Cour Suprême. C’est à la fois fascinant, frustrant, surprenant. À travers le parcours de Claudette, c’est toute la mentalité de l’époque que le lecteur découvre, avec les différences de traitement en fonction de la couleur de la peau, mais aussi entre adultes et enfants, entre hommes et femmes. Ce dernier point est particulièrement mis en lumière, alors qu’on découvre comme les hommes se sont appropriés la contestation qui a été soulevée aussi (et peut-être même surtout) par des femmes.
Mettant en dessin l’ouvrage de Tania de Montaigne (du même titre et paru en 2015 chez Grasset), Émilie Plateau va à l’essentiel en ne conservant que les scènes fortes. Avec un triptyque de couleur, elle reste sobre et met l’accent sur les faits. À noter, les personnages noirs ne sont mis en couleur que lorsqu’ils doivent être distingués des blancs…
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