Le chemin de Mina croise celui d’Océan au début de la nuit, sur le toit d’un immeuble parisien, alors qu’ils ont tous les deux l’intention de sauter pour mettre fin à leur vie. Chacun pour des raisons différentes, chacun avec une histoire propre. Mais leur rencontre vient changer leur plan. Et si, au lieu de sauter tout de suite, ils passaient une nuit ensemble ? À se faire peur, à voir jusqu’où ils peuvent aller, à tester la vie et ses limites. Parce que tant qu’à mourir, autant aller d’abord jusqu’au bout des choses…
Manon Fargetton signe un récit dense et percutant porté par une double narration et ponctuée de retours en arrière, des instantanés pour Mina — l’adolescente à la mémoire photographique —, des brûlures pour Océan — l’adolescent qui s’automutile pour ressentir les choses. Abordant des sujets difficiles, le roman s’adresse à un public avisé.
Il y a beaucoup de thèmes sensibles dans ce roman. Autour de Mina, c’est le harcèlement, la difficulté de se recréer des amis à l’adolescence, le besoin de communication et les pièges dans lesquels on tombe parfois. Autour d’Océan, c’est la vie hautaine et sa froideur, la dépression d’une mère, l’absence d’un père, le choix de repousser les autres qui laisse, au final, bien sûr son piédestal. Et puis il y a la rencontre et cette nuit, un peu folle, au cours de laquelle ils prendront conscience du monde qui les entoure (et aideront certains des personnages qui croiseront leur route), mais aussi se pousseront chacun au bord du gouffre. Si on est prêt à mourir, est-on prêt à tout ?
Le récit est court, rendu haletant par l’alternance des voix, les courts retours dans le passé (ma partie préférée puisqu’on découvre ce qui les a menés là et qu’on les sent aussi à fleur de peau alors que, la nuit même, c’est presque froid tant c’est de l’émotion extrême), les heures qu’on sent passer et qui augmentent la tension : et si l’aube n’arrivait pas ? Si Océan et Mina semblent bien loin l’un de l’autre au départ, ne serait-ce qu’à cause des univers dont ils proviennent, on sent que cette rencontre pourrait être un point tournant (mais merci, merci, Manon Fargetton, d’avoir évité (et de façon si amusante en plus, le piège de l’amour). Bref, ça roule vite, jusqu’à la finale, dont je ne dirai rien, sinon qu’elle ne donne pas toutes les réponses. Parce que ce livre en fait, ce sont les heures suspendues de ces vies, un arrêt sur l’image, une suite de moments qui font réfléchir chacun et ouvrent leurs perspectives, mais qui sait…
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