Les orphelins de métal

Christopher a toujours fait l’envie de ses amis de l’atelier puisqu’il est le seul, hormis l’inventeur Absalom lui-même, à être un Authentique, un être de chair, avec une âme, de souvenirs. Les autres sont des robots, plus ou moins fonctionnels (leur créateur n’étant pas le plus doué). Amusants, dotés d’une personnalité propre, mais faits de rouages. Toutefois, leur destin bascule le jour où un accident révèle une grave supercherie de la part d’Absalom. Christopher est alors enlevé par des hommes qui se disent de l’Agence chargée de surveiller la création de robots et emmené loin des siens. Jack, Manda, Lapoigne et Rob, aidés par Estelle, la fabricante de peau, sont bien déterminés à tout faire pour le retrouver. Même si cela signifie sortir de sa torpeur le meilleur inventeur qui ait existé… et à affronter tous les dangers.

Dans ce roman Steampunk situé dans une Angleterre du passé où les robots font partie du quotidien et du décor, Kenny Padraig propose un récit nourri par de nombreux rebondissements et porté par une bande de personnages principaux, Authentiques ou Robots, très attachants. Pour les grands lecteurs de 10 ans et plus.

L’avis de Sophie

« Si j’avais un coeur, je peux te dire qu’il battrait à tout rompre en ce moment. »

L’auteur s’est inspiré de Pinnochio, du Magicien d’Oz et encore d’Asimov pour créer un univers surprenant où les inventions sont régies par des lois strictes… mais pas toujours suivies. Il a aussi tissé une histoire foisonnante, avec un chemin principal qui se divise rapidement en deux intrigues parallèles. D’abord la quête des amis de Christopher, lancés à la poursuite de leur ami, ce qui implique d’aller convaincre le célèbre Philip Cormier de les accompagner et ce qui nous permet de découvrir la magnifique Havrefer, cité remplie seulement de robots. Ensuite l’aventure de Christopher, enlevé, qui voit ses certitudes s’écrouler et doit partir à la recherche de lui-même dans ses souvenirs. Dans les deux cas, les rebondissements sont nombreux et l’histoire touche directement au cœur, portée par un souffle romanesque, menée sans un temps mort, riche dans ses descriptions et ses décors comme dans l’aventure.

Il y a des grands moments de pure bonté qui jalonnent le livre, des gestes inconsidérés pour sauver ceux qu’on aime, des scènes qui donnent juste envie d’être auprès de ceux qu’on aime, mais aussi des moments terribles, des gestes qui montrent toute la cruauté (mais aussi la souffrance) de certains personnages, ce qui fait qu’on est loin d’une histoire à l’eau de rose. Parlant de ces personnages, si les « méchants » sont assez stéréotypés, la bande principale est si attachante qu’on se pose la question de ce qui fait vraiment l’humanité. D’ailleurs, c’est du steampunk, mais à la lecture on ne peut s’empêcher de réfléchir au futur : qu’est-ce qu’implique la vie avec des robots dotés d’intelligence, de sensibilité?

Vraiment, un coup de cœur pour ce récit qui est à la hauteur des attentes créées par cette couverture absolument magnifique!  

Merci à Lumen pour le roman et à Pierre-Alexandre Bonin pour sa révision du billet!