Quand il est amené au poste de police, Félix panique. Sa mère lui a toujours dit de ne jamais faire confiance aux personnes en position d’autorité. Et il sait qu’il y a beaucoup de secrets qui pourraient être dangereux pour sa mère et lui s’il les révèle. En même temps, son histoire lui pèse… et Félix finit par raconter. La suite d’appartements de plus en plus petits, la capacité phénoménale de sa mère à perdre ses emplois (et ses amis), et les « vacances » dans le campeur qui se sont étirées… Mais Félix parle aussi à la policière de son plan : il est participant à la semaine « jeunes » organisée par son jeu télévisé préféré et, s’il gagne le gros lot, il pourra avoir les moyens de payer plusieurs mois de loyer.
Susin Nielsen est la reine des livres psychologiques qui parlent de sujets différents avec sensibilité et humour. Sans adresse fixe, son dernier roman, aborde le thème de la famille et des personnalités fortes qui peuvent être difficiles à gérer, mais aussi la pauvreté, l’itinérance, l’entraide et la solidarité. Il convient aux lecteurs intermédiaires, dès 11 ans.
La grande force de l’autrice canadienne Susin Nielsen, ce sont les nuances. On croit tout de suite à ses personnages, tant les enfants que les adultes, et elle évite les clichés dans cette histoire qui est toujours sur le fil, un peu à l’image de Félix et Astrid, sa mère.
Ça démarre en force avec la scène du poste de police, puis on revient en arrière en sachant que la situation va se dégrader. On suit ainsi Félix et sa mère dans leurs appartements de plus en plus petits, puis dans ce qu’ils essaient de déguiser en aventure, cette vie dans un Volkswagen qui ne sera pas de tout repos. Ne tombant jamais dans le misérabilisme, saupoudrant de l’humour régulièrement, Susin parle de la pente glissante vers la pauvreté et de la difficulté de s’en sortir, surtout quand on a de la fierté (Astrid est en outre un peu caractérielle et a de la difficulté à admettre ses torts, disons), et des relations familiales qui ne sont pas toujours évidentes, mais aussi d’amitié et d’entraide. En effet, Félix va arriver dans une nouvelle école et retrouver un copain d’enfance à qui il doit cacher sa situation, par tous les moyens, même quand ça devient compliqué. Le récit est touchant et inspirant à la fois tellement le garçon se démène pour garder la tête hors de l’eau même si les adultes qui l’entourent (on parle beaucoup de la mère, mais le père n’est pas en reste dans sa mauvaise gestion des choses) sont un peu à la masse.
Ce n’est pas mon préféré de l’autrice (rien ne battra dans mon coeur le délire total de Dear Georges Clooney, Tu veux pas épouser ma mère? ou encore la force d'Un journal raconté malgré moi), mais j’ai quand même retrouvé sa plume avec plaisir et vraiment aimé la lecture de cette histoire qui fait réfléchir tout en divertissant!
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