Ciprian s’est toujours baladé. Être fils d’Ursari, fils de Rom, c’est sans arrêt être sur la route, à chercher de quoi manger, à fuir les villageois mécontents de les voir s’arrêter. Alors que leur numéro avec un ours suffit à peine à les nourrir, deux hommes viennent voir le père de Ciprian et lui offrent de lui prêter l’argent nécessaire pour amener toute la famille en France. Sure de trouver mieux dans le pays de la tour Eiffel, la famille Ursari part sans hésiter. Mais leur nouvelle vie dans la « Zone » n’est pas celle espérée et tous devront travailler pour rembourser la dette de Daddu. Même Ciprian, malgré son intérêt très particulier pour le jardin du « Lusquenbour » où il découvre « lezéchecs ».
Cyrille Pomès a apdaté le roman du même nom, écrit par Xavier-Laurent Petit en une bande dessinée aux couleurs sombres qui laisse tomber le superflu pour mettre l’emphase sur les conditions de vie de la famille de Ciprian et sur le rapport de celui-ci aux échecs.
Le scénario a été habilement construit, si bien que celui qui n’a pas lu le roman ne se rend même pas compte que c’est une adaptation. Dès le départ, on se prend d’affection pour la famille de Ciprian, avec tous ses membres qui font preuve de bonté les uns avec les autres et vivotent, de leurs spectacles avec Gamin l’ours et des petits vols du grand frère pour nourrir la famille. Mais l’arrivée à Paris change les couleurs et l’ambiance. Dès lors, pour rembourser une dette énorme, tout le monde doit « travailler », soit trouver une façon de ramener le plus d’argent possible, en mendiant et en volant. Cyrille Pomès a gardé toute la saveur du récit, avec l’esprit vif de Ciprian qui s’intéresse à « Lezéchecs », le jeu auquel il observe monsieur énorme et madame Baleine tous les jours aux jardins du Lusquembourg. Et là où le roman touchait dans il est question de pauvreté, des conditions de vie, le dessin est encore plus percutant.
Son style semi-réaliste peut surprendre le néophyte en bande dessinée : les lignes sont tremblotantes, les corps se déforment parfois, les lettres peuvent être difficiles à lire. Mais les couleurs d’Isabelle Merlet font pour beaucoup dans l’ambiance et ajoutent encore de la texture. Mention spéciale aux décors, reconnaissables, qui entrainent automatiquement le lecteur à Paris.
Bref, une adaptation BD vraiment réussie!
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