Devenue orpheline, Sine a dû quitter New York pour venir s’installer à Hawaï avec une grand-mère acariâtre et raciste qui crache son venin sur tous ceux qui l’entourent. Mais l’adolescente a à peine le temps de prendre ses marques et d’explorer un peu son nouvel univers que celui-ci bascule alors que le volcan se réveille. Et que tout sombre dans le chaos. Devant faire confiance à son instinct et à Holokaï, celui qu’elle a justement surnommé Lave dans son esprit, en plus de surmonter les terribles migraines dont elle est affligée et qui floutent sa perception de la réalité, Sine cherche une façon de survivre à la fureur des éléments.
Jean-François Chabas prend un lieu bien réel comme point de départ de cette histoire qui, toute vraisemblable soit-elle, n’a jamais eu lieu (même s’il explique qu’après l’écriture de ce livre, certains évènements terribles (et semblables) ont eu lieu dans l’île qu’il avait visitée). Abordant les thèmes de la cohabitation entre les hommes, mais aussi entre les hommes et la nature, il s’adresse à un public de 12 ans et plus.
« Quand on est enfant, on croit à la rédemption, on est convaincu qu'on peut changer les gens. Peut-être parce qu'on est gavé de films et de livres niaiseux, où les vilains finissent par pleurnicher en reconnaissant leurs fautes, et où les divers personnages se disent tellement souvent "je t'aime" qu'on en attrape une bonne nausée... »
Il y a quelque chose de rêche dans l’écriture de ce livre. D’abord avec le personnage de la grand-mère, absolument détestable, qui montre toute la condescendance terrible des blancs face aux autochtones de l’ile (mais permet aussi de montrer le calme olympien de ces derniers et certains aspects de leur philosophie), ensuite avec Sine elle-même, un peu trop fascinée par son nombril par instant, qui vit des moments difficiles, oui, mais qui semble en décalage alors que le monde flambe. Si le syndrôme de Todd dont elle souffre est fascinant (je n’en dirai pas trop, mais pensez à Alice au pays des merveilles), le personnage en lui-même n’est pas nécessairement intéressant… ce qui est dommage parce que dès lors j’étais moins intéressée par sa survie.
Oui, Jean-François Chabas donne des frissons au cours de la lecture tant il offre une version crédible de la catastrophe avec des descriptions juste assez longues pour que ce qui est raconté prenne vie dans l’esprit du lecteur, sans pour autant l’ennuyer. Cet auteur sait transporter son lecteur ailleurs, l’intéresser à la nature et à la faune (comme il l’avait si bien fait avec La loi du Phajaan) et faire monter la tension dramatique en proposant certaines scènes marquantes. Mais au final on a l’impression qu’il ne se passe pas grand-chose dans ce récit parce que la courbe narrative du personnage principal n’est pas claire… et que j’aurais préféré qu’une plus grande place soit faite, à tout l’esprit polynésien et au personnage d’Holokaï lui-même, mieux défini. Bref, j’en attendais un peu plus.
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