« À cause des chiens. Pour Lou et Guillaume, cela avait commencé à cause des chiens. Pour Lou et Guillaume, cela s’était terminé à cause des chiens. Même si les chiens n’y étaient pour rien, ou presque. »
2051. Dans un monde instable et perturbé par des attaques des Cybs, des humains zombies, et de leur équivalent canin, les Bougeurs, Lou et Guillaume sont des compagnons de route depuis que lui, de quinze ans son ainé, l’a recueillie, bébé. Maintenant adolescente, Lou a des rêves et des envies d’amour et de liberté, nourris par la poésie que lui a fait découvrir Guillaume malgré leur réalité si difficile.
Réfugiés dans une ancienne villa perchée au sommet d’un mont au nord de la France, ils guettent, le danger pouvant venir de partout. Et pendant l’attente, Guillaume se rappelle. Avant. Quand le monde n’avait pas encore atteint le point de rupture et qu’il y avait encore un peu d’innocence. Puis la chute… le grand effondrement.
Lou après tout, premier tome d’une trilogie annoncée, c’est deux récits, l’un pré- et l’autre post-apocalyptique, où les relations humaines sont au cœur des aventures. Écrit avec une sensibilité palpable malgré des scènes d’action dures et souvent sanglantes, ce roman convient aux lecteurs intermédiaires et avancés.
Je vis une surdose de dystopies et de romans abordant la fin du monde, j’étais donc peu enthousiaste en me lançant dans cette brique. Mais Jérôme Leroy ne fait pas que parler d’un monde détruit et de survie (bien qu’il le fasse très bien, il faut l’avouer) : il a construit un récit riche en références littéraires porté par des personnages authentiques auxquels on s’attache tout de suite, et, surtout, il nous sert un constat terrible sur notre société actuelle à travers ce récit où le futur ne peut que nous sembler proche.
En fait, il a suffi de quelques pages pour que le souffle de Jérôme Leroy et l’authenticité de ses personnages me captivent. Il faut dire qu’il a un talent certain pour jouer au funambule en marchant sur le mince fil entre beauté, dans la relation entre Lou et Guillaume et leur rapport à la poésie, entre autres, et l’horreur du monde extérieur. L’équilibre est parfait entre les scènes plus introspectives ou la dynamique stressante avec l’arrivée de nouveaux personnages qui ont leur propre histoire, et le récit d’un monde en bout de course qu’il nous présente à travers les souvenirs de Guillaume. Construit comme un long retour en arrière, ce premier tome présente en effet l’histoire de ce dernier en nous montrant une réalité qui a des allures pas si lointaines de la nôtre. Son effondrement semble donc tout à fait « possible » au lecteur, ce qui est terrifiant. En bref, Lou après tout est un roman magnifique et percutant, un « autre » roman de fin du monde, oui, mais un de ceux qu’il faut lire. Et prophétique ? J’espère que non…
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