Depuis la mort de son père, Stevie est devenu le pilier de la maison puisque sa mère s’est effondrée. L’adolescente essaie tant bien que mal de garder la tête hors de l’eau, mais sa tournée de journaux du matin et les maigres allocations ne leur permettent presque rien. Le frigo est vide, son uniforme est trop petit, ses rêves sont pris aux pièges. Et chaque fois qu’elle pige dans l’épargne qu’elle tente de sauvegarder pour s’acheter une guitare, elle souffre.
Hafiz, lui, est arrivé en Angleterre après un trop long périple, mais sa famille est encore en Syrie et c’est comme un boulet sur son cœur. La peur au ventre. Son oncle et sa tante prennent soin de lui, mais comment être bien dans un pays où il n’a aucune racine et où certains le regardent comme un indésirable ?
Siobahn Curham signe un texte brillant d’émotions et d’actualité avec ce livre qui aborde les thèmes de la dépression, de la migration et de l’adolescence en général. Alternant les chapitres entre les deux narrateurs, ce roman convient aux lecteurs intermédiaires.
N’oublie pas de penser à demain est un magnifique récit qui reste longtemps en tête, je vous préviens tout de suite. D’abord pour la force des personnages principaux, Stevie et Hafiz, à la fois forts et courageux devant les difficultés auxquels ils font chacun face, mais aussi fragiles, attachants.
Ensuite par les thèmes abordés : la dépression de la mère (à de nombreuses reprises, et même si je connais bien la maladie, j’ai parfois eu envie d’entrer dans le livre pour la secouer un peu !), qui abandonne Stevie à elle-même, le passé de Hafiz et toutes les séquelles qu’il garde, notamment sa peur de la mer (et la scène où il raconte pourquoi est absolument poignante), l’intégration parfois ardue… Bref, autant de thèmes difficiles et sombres, mais présentés de façon tellement juste et authentique, sans jamais tomber dans le pathos.
Finalement, ce qui fait aussi que cette histoire est marquante, c’est la relation qui se noue entre les deux personnages principaux, tout en douceur. Oui, il y a des sentiments qui se développent, et on le comprend notamment grâce à la narration alternée qui nous permet de découvrir les pensées de chacun, mais ce n’est pas le propos. On se concentre plutôt sur les liens qui se tissent peu à peu entre Stevie et Hafiz, sur le sentiment de protection qu’ils développent l’un envers l’autre et dont ils ont tant besoin puisqu’ils sont isolés avec leurs problèmes. C’est beau, juste beau.
Vraiment, ce roman est un bijou!
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