Ombline la bibliothécaire habite en haut avec ses deux perruches. Toujours bien mise, jamais un mot de trop, jamais une goutte d’alcool, jamais de plaisir pétillant. La sagesse incarnée.
Pierre habite en dessous. Silencieux, artistique, perdu dans ses rêveries, il partage sa vie entre son spectacle et son grand-père, empaillé sur son canapé.
Deux univers, deux personnages hors du temps qui auraient pu, malgré un certain intérêt mutuel, ne jamais vraiment se croiser. Mais c’était compter sans la diseuse de bonne aventure, l’homme crocodile, le somnambulisme et l’envie irrésistible, malgré toutes les blessures, de l’amour.
La bonne aventure est un récit entre fantastique et réel, entre aventure et mélancolie aussi, qui parle de l’enfance qu’on ne veut pas quitter, des doutes qui nous rongent parfois et d’amour. Écrit dans une langue riche, éclaté dans sa forme comme dans son contenu, brouillant les limites entre rêve et réalité, ce roman vise les grands lecteurs.
Fabrice Colin est un auteur confirmé qui sait raconter des histoires et créer des ambiances extraordinaires. Il nous offre parfois des récits plus structurés et parfois des ovnis littéraires (comme J’exagère à peine, dernièrement), tous reconnaissables par la finesse de l’écriture, mais plus ou moins éclatés dans leur contenu. Ici, on est clairement du côté de l’onirique, avec un livre qui mélange fantastique et réalité, une ambiance extraordinaire et des personnages qui, un peu comme le décor, semblent hors du temps.
En fait, on ne sait jamais si on se situe dans un rêve ou dans la réalité au fil de cet ouvrage et l’auteur joue avec ça, notamment avec les scènes de somnambulisme sur le toit, le gamin qu’Ombline à quelques reprises dans la rue et qui semble savoir exactement quoi lui dire chaque fois, l’homme crocodile qui la pourchasse dès qu’elle ose s’aventurer vers une source de plaisir. Pourtant, Fabrice Colin sait parfaitement où il s’en va et sa finale vient nouer tous les petits fils qu’il a laissés en cours de route.
Ce n’est pas une lecture facile, il faut accepter de soi-même se mettre dans un état d’esprit rêveur, de naviguer sans se poser de question dans ce Paris entre hier et aujourd’hui, avec ces personnages fragiles qui semblent parfois ne pas savoir eux-mêmes s’ils existent vraiment. Mais si on y arrive, alors on peut savourer la plume de Fabrice Colin, se laisser bercer par sa poésie et s’émouvoir…
Sophielit est partenaire des Librairies indépendantes du Québec (LIQ). Cliquez ici pour plus d'informations sur ce partenariat.
Nouveau commentaire