Il y a trois ans, Mathieu est parti. Il avait pourtant bien prévenu sa mère qu’elle pouvait faire ce qu’elle voulait, mais qu’à ses dix-huit ans il se barrait. Alors il est parti, mais il n’a rien expliqué aux jumeaux. Et il n’a pas plus donné signe de vie quand sa tante l’a contacté pour lui annoncer que sa mère se mourait d’un cancer. Pas une visite, pas un appel, pas un mot. En fait, c’est aux funérailles qu’il retrouve Gavi et Lena, les jumeaux de 11 ans. Et c’est là aussi qu’il apprend que sa mère veut être enterrée avec sa famille, en Sardaigne, et qu’elle a tout prévu : une voiture, des billets de traversiers, de l’argent pour le voyage. Juste ses trois enfants. Et parce qu’il s’en veut de n’avoir pas été là, parce qu’il y a des choses de pas réglées et parce que les petits, aussi, Mathieu accepte. Prend la route avec Gavi et Lena pour suivre le cercueil et l’accompagner jusqu’à l’enterrement. Sauf que sa mère n’avait pas tout prévu. En chemin, il y a la vie.
Avec cette histoire à la fois triste et remplie d’espoir, Vincent Villeminot entraine ses lecteurs dans un road-trip aux accents authentiques. Abordant les thèmes de la famille, du deuil, des choix de vie parfois difficiles et de leurs conséquences, il s’adresse aux lecteurs intermédiaires et avancés.
Vous pensez connaitre Vincent Villeminot ? Eh bien détrompez-vous. Parce que ce livre semble être un ovni dans son parcours (qui est déjà fort éclectique) même si, en même temps, il y a sa touche personnelle un peu partout.
Alors qu’il nous a habitués à de l’action, à des intrigues multiples et complexes, il nous offre ici une histoire tout en simplicité. Oui, il y a bien les retours en arrière pour exposer les souvenirs de Mathieu avec sa mère et permettre aux lecteurs de saisir toute la complexité de leur relation et les raisons du départ de l’adolescent, mais l’ensemble est épuré : c’est d’abord et avant tout un voyage entre frères et sœur, sur une route qui semble dessinée d’avance, mais qui prendra mille détours. Un roman constitué de beaucoup de silences (ponctués par les échanges des jumeaux sur leur tablette), mais aussi de dialogues punchés. Une histoire sur la reconstruction des liens familiaux, sur la méfiance par rapport à l’autre quand on s’est senti trahi, mais aussi sur la confiance qu’on rétablit peu à peu. Un récit centré sur l’essentiel, donc, mais avec aussi une multitude de clins d’œil à l’actualité, au monde en général, à notre époque, comme si l’auteur ne pouvait s’empêcher de parler politique, de conscientiser ses lecteurs à petites doses, sans s’y attarder pour ne pas alourdir le récit. C’est au détour d’une conversation, au fil d’une description, souvent un détail que le lecteur peut même rater s’il n’est pas attentif. Mais ça enrichit d’autant l’expérience littéraire, déjà heureuse de par la luminosité qui émane de son histoire alors pourtant que l’on commence avec l’annonce d’une mort. Parce qu’il y a la vie, tout simplement, dans chacune de ces pages. Dans les mésaventures de voiture, dans les papiers perdus, dans les bains de mer, dans les petites entourloupes, dans les rêves d’enfance qu’on réalise, dans les liens qui se tissent peu à peu. Vraiment, un roman qui fait du bien.
Sophielit est partenaire des Librairies indépendantes du Québec (LIQ). Cliquez ici pour plus d'informations sur ce partenariat.
Nouveau commentaire